BUDAPEST, 15 avril (Reuters) - Les Hongrois devront choisir lors des élections législatives de 2018 entre un gouvernement qui se bat pour les intérêts du pays et des forces au service de l'étranger, estime samedi le Premier ministre Viktor Orban dans une interview publiée quelques heures avant de nouvelles manifestations contre son pouvoir.

Le gouvernement de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, est confronté à une contestation populaire sans précédent depuis qu'il a fait passer une loi ciblant une université créée par le milliardaire George Soros, à laquelle il reproche notamment de s'opposer à sa politique migratoire.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont sévèrement critiqué la nouvelle loi qui s'inscrit, selon les défenseurs des droits de l'homme, dans le cadre d'une politique plus large visant à museler toute contestation dans les médias, les institutions publiques ou à la Cour constitutionnelle.

Viktor Orban, qui ne s'était pas exprimé depuis le début du mouvement de protestation il y a deux semaines, a déclaré au journal pro-gouvernemental Magyar Idok que de tels conflits étaient un passage pour préserver la souveraineté de la Hongrie.

"(...) Le gouvernement national subit constamment des pressions et des attaques donc l'enjeu de toutes les élections est de savoir si l'on a un Parlement et un gouvernement défendant les intérêts du peuple hongrois ou s'il est au service d'intérêts étrangers", dit le Premier ministre.

Viktor Orban présente les manifestations actuelles comme un échauffement avant la campagne électorale de l'an prochain, pour laquelle les sondages donnent toujours son parti, le Fidesz, en tête avec environ 30% des intentions de vote.

"Si on acceptait que Bruxelles ou d'autres centres politiques et financiers nous dictent... ce qui doit se passer dans notre pays, il n'y aurait pas de conflits", poursuit-il dans l'interview. "Mais l'histoire des Hongrois est une histoire de luttes pour la liberté."

Viktor Orban, dont les experts estiment qu'il veut resserrer les rangs de sa base électorale nationaliste en mettant en scène sa confrontation avec l'Union européenne, promet de ne pas céder face à la contestation de la rue.

"Le gouvernement est déterminé, je ne vois aucun signe de marche-arrière", affirme-t-il.

Mercredi, des milliers d'étudiants ont défilé aux cris de "Europe! Europe!" et "Pays libre! Université libre!"

Ils se sont de nouveau donnés rendez-vous ce samedi dans les rues de Budapest à partir de 15h30 GMT.

(Krisztina Than; Tangi Salaün pour le service français)