* Hollande veut garantir les intérêts de la France

* Les dirigeants d'EADS et de BAE ne veulent pas d'interférence étatique

* Divergences sur l'union bancaire européenne (Actualisé avec citations, contexte)

par Elizabeth Pineau

LUDWIGSBURG, Allemagne, 22 septembre (Reuters) - L'emploi, la stratégie industrielle, les enjeux de défense et les intérêts des Etats français et allemand, qui sont au capital d'EADS, seront pris en compte par les deux pays lors de l'examen du projet de fusion entre EADS et BAE Systems, a déclaré samedi François Hollande.

Le président français et la chancelière allemande se sont rencontrés à Ludwigsburg, en Allemagne, pour célébrer l'amitié franco-allemande, cinquante ans après un grand discours de réconciliation du général de Gaulle. (voir )

Ils ont débattu du dossier EADS-BAE, que les entreprises espèrent voir aboutir prochainement, ainsi que de l'union bancaire européenne, sur laquelle ils divergent encore.

"Nous sommes convenus d'examiner de façon très soigneuse les tenants et aboutissants de ce projet en concertation avec les entreprises", a déclaré Angela Merkel lors d'une conférence de presse conjointe.

"Aucune décision n'a été prise aujourd'hui, ce n'était d'ailleurs pas prévu", a-t-elle ajouté. "Allemagne et France vont rester en contact étroit sur ce dossier."

François Hollande a insisté sur le fait que le projet de fusion émanait d'une "volonté d'entreprise".

"Nous sommes décidés à être en concertation étroite, la France et l'Allemagne, parce que nous considérons que c'est un enjeu qui concerne l'Europe mais aussi nos deux pays, compte tenu de ce qui existe au capital de cette entreprise", a-t-il dit.

Prié de dire quelles étaient les conditions posées par les deux pays, il a répondu : "Vous pouvez les imaginer, donc je n'ai pas besoin ici de les développer. C'est l'emploi, la stratégie industrielle, les activités de défense, les intérêts de nos Etats respectifs. C'est là-dessus que nous sommes en discussion avec l'entreprise qui a fait ce projet."

François Hollande, dont le pays détient une participation de 15% dans EADS tandis que Berlin n'est pas directement au capital, s'est toutefois soigneusement abstenu de s'engager à parvenir à une position commune avec l'Allemagne.

DIVERGENCES SUR L'UNION BANCAIRE

Sa référence à la "stratégie industrielle" risque d'être mal accueillie par les dirigeants d'EADS et de BAE, qui ne veulent pas d'une interférence des gouvernements dans leur fusion.

Outre une participation de 15% de l'Etat français, EADS est contrôlé notamment par Lagardère, qui détient 7,5% des parts, et le constructeur automobile allemand Daimler , avec 22.5% des parts.

Daimler veut vendre sa participation au gouvernement allemand mais EADS a averti qu'il voulait minimiser l'intervention des Etats pour éviter que la fusion soit bloquée par les autorités américaines.

Prudents sur ce dossier industriel, François Hollande et Angela Merkel ont étalé leurs divergences sur le projet d'union bancaire pourtant crucial pour la stabilisation de la zone euro.

Le président français est favorable à la mise en place d'une supervision bancaire en Europe le plus tôt possible pour rompre l'interdépendance entre les banques et les gouvernements endettés, un cercle vicieux qui a exacerbé la crise, tandis que la chancelière insistait pour se donner le temps pour garantir la qualité du dispositif.

"Je suis pour l'union bancaire. C'est une étape très importante par rapport aux objectifs qui sont les nôtres", a dit François Hollande. "Nous pouvons le faire par stades successifs, et le plus tôt sera le mieux".

Angela Merkel s'est montrée plus réservée, insistant sur la qualité du dispositif final.

"Pour nous, ce qui est important, c'est que la qualité soit assurée (...) Cela ne sert à rien de faire quelque chose trop vite, qui ne fonctionne pas", a-t-elle dit.

Partisan de cette réforme dès le sommet européen de juin dernier, Berlin a mis en garde depuis contre une mise en oeuvre trop hâtive, s'inquiétant de perdre son droit de regard sur les nombreuses banques régionales et coopératives allemandes.

Alors que Paris plaide pour une supervision de la totalité des quelque 6.000 banques de la zone euro, Berlin souhaite la limiter aux grandes banques dites systémiques, dont la faillite mettrait en péril la finance européenne. (avec Yves Clarisse et Tim Hepher, édité par Guy Kerivel)

Valeurs citées dans l'article : EADS, BAE Systems plc, LAGARDERE S.C.A., Daimler AG