Zurich (awp/ats) - Dans un contexte d'embellie conjoncturelle, les opérations de fusions et acquisitions impliquant des petites et moyennes entreprises (PME) suisses ont augmenté l'an dernier. Confirmant la reprise intervenue en 2016, le nombre de transactions est passé de 191 à 201 en l'espace de douze mois.

Si le nombre total de transactions concernant des PME a poursuivi sa progression l'an dernier, celui-ci s'est inscrit à un niveau inférieur à ceux observés en 2013 et 2014, relève lundi le cabinet de conseils Deloitte. Ce dernier avait alors recensé 231 et 216 opérations, respectivement.

Pour mémoire, le rachat pour 30 milliards de francs suisses du laboratoire pharmaceutique bâlois Actelion par le géant américain des soins Johnson & Johnson a représenté la plus importante transaction de 2017. Cependant, l'augmentation observée en 2017 reflète la nette reprise des opérations de fusion et acquisitions domestiques.

Après avoir établi un record négatif en 2016, les transactions domestiques ont rebondi l'an passé de 16%, à 71 opérations. La hausse reflète pour l'essentiel l'amélioration de la conjoncture, ainsi que l'affaiblissement du franc, les entreprises helvétiques demeurant attrayantes pour leurs concurrents établis en Suisse.

ACTIFS SUISSES ATTRAYANTS

L'activité "inbound", soit les sociétés étrangères ayant acquis une PME suisse, s'est stabilisée. Deloitte a ainsi recensé 70 transactions, un chiffre en progression de 1%.

Les acquisitions effectuées par des sociétés nord-américaines (17 transactions) se sont envolées de 89%, suivies de près par celles réalisées par des firmes allemandes (15, +88%). Le nombre d'opérations impliquant des entreprises françaises a en revanche chuté, passant d'une année à l'autre de 19 à 8 (-58%).

Les firmes industrielles ont représenté les cibles les plus visées par des acquéreurs étrangers. Celles-ci, pour la plupart exportatrices, ont opéré des restructurations après l'abandon par la Banque nationale suisse (BNS) du taux plancher liant franc et euro. Elles bénéficient aujourd'hui d'une conjoncture favorable.

Les sociétés acquises l'an dernier l'ont été majoritairement dans les cantons de Zurich (44 transactions), de Vaud (12), du Tessin (11) de Berne et de Genève (9). Un important écart existe entre la Suisse alémanique (98 fusions et acquisitions), la Suisse romande (32) et le Tessin.

FONDS TRÈS ACTIFS

Dans le même temps, les transactions de type "outbound", soit les achats d'entreprises étrangères, ont fléchi de 2%, à 60 opérations. après avoir atteint un plafond inédit en 2016. Sans surprise, les cibles privilégiées sont des entreprises allemandes (42%) et d'autres pays d'Europe (40%).

Le niveau élevé présenté en 2017 démontre que les PME suisses continuent d'exploiter les opportunités de croissance externe en Europe ou ailleurs. Globalement, la part des transactions transfrontalières est passée de 68% en 2016 à 65% l'an dernier.

Dans un contexte de liquidités abondantes et de recherche de placements rentables, les fonds d'investissements suisses et étrangers ont accru leur activité d'acquisitions de PME. L'an dernier, 28 firmes helvétiques ont été reprises par des sociétés de private equity, spécialisées dans le rachat d'entreprises non cotées en Bourse, contre 23 en 2016.

Les fonds sont majoritairement d'origine européenne (61%), alors que l'activité de leurs concurrents helvétiques est restée stable ces dernières années (9 acquisitions en 2017, soit 32% du total). Les investissements ont principalement visé des entreprises industrielles, suivies de sociétés de services et de celles actives dans les technologies, les médias et les télécommunications.

OPTIMISME PRUDENT

Evoquant l'année en cours, Deloitte table sur un regain d'activité pour les entreprises suisses. Celles-ci peuvent s'appuyer sur des conditions de financement demeurant favorables, une bonne conjoncture économique et le mouvement de dépréciation du franc entamé depuis l'été dernier.

Le cabinet de conseils rappelle cependant que la prudence s'impose, les variations de change étant difficilement prévisibles. A la faveur de perspectives économiques favorables, la BNS pourrait aussi commencer à normaliser sa politique monétaire, un resserrement qui limiterait la dépréciation potentielle du franc.

ats/jh