(Actualisé avec précisions)

par Andre Paultre et Robenson Sanon

PORT-AU-PRINCE, 8 juillet (Reuters) - La police haïtienne a fait savoir jeudi qu'elle avait arrêté ou tué les assassins présumés du président Jovenel Moïse et qu'elle traquait les commanditaires du meurtre, perpétré dans la nuit de mardi à mercredi dans la résidence privée du chef de l'Etat et qui a choqué la population et la communauté internationale.

Jovenel Moïse, 53 ans, a été assassiné par ce que les autorités ont décrit comme un groupe de tueurs professionnels, plongeant le pays caribéen dans un chaos encore plus profond, sur fond de divisions politiques, de famine et de flambée des violences entre gangs.

S'exprimant lors d'un point de presse télévisé, le chef de la police Leon Charles a indiqué que les forces de l'ordre avaient localisé les suspects dans une maison située à proximité du lieu du crime à Petionville, une banlieue du nord de la capitale Port-au-Prince.

Une importante fusillade a opposé mercredi soir, et jusque tard dans la nuit, les forces de sécurité haïtiennes et les assassins présumés. Six suspects ont été placés en détention, tandis que trois cadavres ont été retrouvés sur les lieux.

La police continuait de patrouiller massivement la zone jeudi matin, alors que les rues étaient jonchées de douilles.

"Nous avons les auteurs physiques, maintenant nous cherchons les cerveaux", a dit Leon Charles à propos de l'assassinat du chef de l'Etat, appelant par ailleurs la population à coopérer avec les autorités et à ne pas provoquer de troubles.

Citant un membre du gouvernement haïtien, le Washington Post a rapporté que James Solages, un citoyen américain d'origine haïtienne, faisait partie des six suspects arrêtés.

Une foule s'était amassée devant le siège de la police, où étaient détenus les suspects, pour demander que ces derniers soient "brûlés". Un véhicule considéré comme appartenant aux assassins du chef de l'Etat a été incendié, selon des images diffusées par la presse locale.

L'état d'urgence a été déclaré mercredi, pour 15 jours, afin d'aider les autorités à arrêter les assassins présumés.

Toutefois le Premier ministre intérimaire, Claude Joseph, a déclaré jeudi qu'il était temps que l'activité économique reprenne, ajoutant avoir donné des instructions pour que l'aéroport de Port-au-Prince reprenne ses activités.

Le décès de Jovenel Moïse a entraîné une confusion sur le dirigeant légitime du pays de 11 millions d'habitants, alors que le défunt chef de l'Etat, arrivé au pouvoir en 2017, faisait face à une vive opposition et gouvernait par décrets. Il avait nommé plus tôt cette semaine un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, qui n'avait pas encore prêté serment avant l'assassinat. (Reportage Andre Paultre et Robenson Sanon à Port-au-Prince, rédigé par Sarah Marsh; version française Jean Terzian)