"Avec le recul que donne une pause estivale, le paysage d'ensemble de cet été 2010 fait ressortir une évolution macro-économique mondiale assez conforme à nos anticipations et un flux de nouvelles micro-économiques meilleur qu'attendu. Et pourtant force est de constater que la lecture que font les marchés de ces informations est loin d'être cohérente, que dominent un sentiment d'inquiétude et une aversion persistante au risque, et que notre visibilité d'investisseur et de gestionnaire s'est au final peu améliorée", juge UFG-LFP dans sa lettre de septembre.

"Aux Etats-Unis, la croissance du 2e trimestre est en ligne avec notre scénario d'un tassement de l'activité qui va se poursuivre au second semestre. Nous sommes agréablement surpris par la contribution de l'investissement, alors que consommation des ménages et évolution de l'emploi restent facteurs de préoccupation. En Europe, l'Allemagne affiche une forme insolente avec une progression trimestrielle du PIB sur Q2 (+ 2,2%) qui se compare à celle... des pays d'Asie ! Et non contente de rester très compétitive à l'exportation, elle s'offre un réveil de la demande interne et de la confiance des ménages... inédit ! Elle creuse ainsi un écart inquiétant avec ses partenaires européens, qui contribue encore à alimenter la volatilité sur les dettes périphériques. La bonne surprise allemande devient ainsi, paradoxalement, facteur de risque."

"La Chine est en passe de réussir son atterrissage en douceur, la politique menée depuis début 2010 par les autorités chinoises porte déjà ses fruits et le rythme de croissance s'assagit pour revenir en tendance vers 7%, le tout en bon ordre pour l'instant. C'est à notre sens rassurant même si le brutal rebond de ses excédents commerciaux augure de tensions à venir sur le change avec ses partenaires."

"Si, ce panorama macro-économique ne nous paraît pas alarmant, il s'accompagne de doutes sur la dynamique américaine et de craintes sur les effets corollaires du ralentissement chinois sur l'Asie et le commerce mondial. La communication des grands banquiers centraux n'a fait qu'accentuer le trouble : la FED a lancé le bal en soulignant la dégradation des perspectives américaines et en projetant des achats de dettes d'Etat pour maintenir son bilan, à politique monétaire inchangée. La BCE pour sa part se contente d'une prudente satisfaction face à la croissance du 2e trimestre et révise ses projections 2011."

"Enfin, du côté des entreprises, l'été s'avère de très bonne facture, qualité indéniable des résultats aux Etats-Unis sur le 2e trimestre et l'Europe ne démérite pas. Mais les guidances affichées par les chefs d'entreprise sont conservatrices et les investisseurs croient bien davantage aux effets positifs mais passés de la reconstitution des stocks et de la baisse des coûts, qu'à une croissance pérenne des CA en 2011. Lecture peu enthousiaste, là encore, qui traduit la défiance des investisseurs face à un modèle de sortie de crise qui génère des profits corporate colossaux, face à des ménages appauvris par la dégradation de l'emploi et la pression sur les salaires, et face à des déficits publics abyssaux !"

"L'évolution des principales classes d'actifs au cours de l'été, traduit largement cette perplexité. Si les taux gouvernementaux ont choisi leur camp, celui d'une dure rechute des économies assortie d'un risque de déflation, les bourses dans leur ensemble consolident modérément, les marchés de dettes privées tirent remarquablement leur épingle du jeu, et les devises rentrent à nouveau dans une phase de turbulences qui témoigne de notre entrée dans une période de compétition internationale accrue par le tassement de la croissance mondiale."

"Ces éléments nous ont pour l'instant plutôt confortés dans nos choix d'investissement, même si nous n'avons pas pleinement joué ce rallye obligataire estival, au demeurant historique. Nos allocations en actions restent modérées, la pondération des émergents s'avère payante cet été et nous guettons un point d'entrée pour renforcer progressivement notre prise de risque sur les portefeuilles. Dans cet objectif, c'est toujours sur les entreprises - actions ou crédit - ainsi que sur la dette gouvernementale émergente, que la visibilité nous semble la meilleure, modulo sélectivité."