Plus que la hausse des prix à la consommation, c'est l'"inflation financière qui peut conduire les banques centrales à resserrer les conditions monétaires selon l’argument macroprudentiel de stabilité financière", analyse Christophe Morel, chef économiste de Groupama AM. Ce dernier souligne en effet que "tant que le processus de désendettement n’a pas suffisamment progressé, il n’existe pas de risque inflationniste sur le marché des biens et services. En revanche, la forte injection de liquidités a bien provoqué une inflation… sur les actifs financiers et immobiliers".

Plus fondamentalement, Christophe Morel revient sur la théorie selon laquelle l'inflation pénaliserait la croissance et pourrait donc justifier un resserrement des banques centrales.

Le chef économiste Groupama AM rappelle notamment que de très nombreuses études montrent que l'inflation n'affecte la croissance qu'au-delà d'un certain seuil. "Sur un échantillon de 30 pays développés observé entre 1980 et 2016, nous avons constaté que la croissance ne serait affectée qu'à partir d'une inflation de 12%. De la même manière, l'inflation ne pénaliserait véritablement les multiples sur les marchés actions qu'à partir d'un seuil de 10%", note-t-il.

Dans ce contexte, même si les banques centrales relevaient leur tolérance à l'inflation à 4%, l'impact sur la croissance ne serait sans doute pas très significatif.