PARIS, 18 janvier (Reuters) - Groupama AM prévoit une récession modérée en zone euro au premier semestre 2012 suivie d'un rebond modeste favorisé par des progrès tangibles sur la voie d'un règlement de la crise de l'Union monétaire.

Plus globalement, la société de gestion table sur un ralentissement de la croissance économique mondiale à 2% contre 3,8% en 2012, une croissance américaine de 1,1%, chinoise de 8%, et une légère contraction en zone euro (-0,7%).

L'Allemagne connaîtrait une croissance de 0,3%, alors que l'économie française se contracterait de 0,5% et l'italienne de 0,7%, a précisé mercredi Laurent Berrebi, directeur des études économiques, lors d'un point de presse.

"Jamais les perspectives économiques et financières n'ont été aussi dépendantes du cours des évènements politiques, des élections à venir et des décisions qui en découleront", a déclaré Antoine de Salins, directeur des gestions.

"Nous ne croyons pas au 'grand soir' pour refonder l'Union économique et monétaire", a-t-il dit en ajoutant que celle-ci avait déjà fait quelques progrès sur la voie d'une "coordination très stricte" des politiques budgétaires.

Le processus d'harmonisation des économies disparates de la zone euro prendra du temps et nécessite une modification des traités, ce qui impliquera une forte volatilité des marchés dans l'attente de décisions crédibles, ajoute-t-il.

ABSENCE DE "MAINS LONGUES"

"On est arrivé à la limite de ce que les marchés peuvent supporter", a expliqué Philippe-Henri Burlisson, directeur des gestions fondamentales, qui voit là un des facteurs qui devraient pousser les dirigeants européens à améliorer la gouvernance de la zone euro, dont Groupama AM écarte l'hypothèse d'un éclatement.

Selon lui, si une solution se dessine, les primes de risque très élevées payées par les pays périphériques devraient se réduire.

Pour ce qui est de la France, qui a été dégradée vendredi de AAA à AA+ par Standard & Poor's, cette prime, mesurée par l'écart (spread) de rendement entre ses emprunts d'Etat et ceux de l'Allemagne, référence du marché euro, ne retrouvera pas ses niveaux d'avant-crise.

"Même en cas de stabilisation de la gouvernance de la zone euro, le spread France-Allemagne (à 10 ans, ndlr) ne reviendra pas à son étiage précédent entre 30 et 50 points de base. Il devrait osciller autour d'une moyenne de 160 points de base dans les six mois qui viennent compte tenu du contexte électoral et revenir aux alentours de ce que traduit la nouvelle notation française (130-140 pdb, ndlr) si la stratégie des nouvelles autorités convainc les marchés financiers", a souligné Antoine de Salins.

Philippe-Henri Burlisson a indiqué que le portefeuille modèle international se répartit en 48% actions, 46% obligations et 6% de cash.

Il prévoit une progression de l'ordre de 10% en 2012 des marchés actions qui souffrent toujours, selon lui, de la quasi-absence de "mains longues". Le CAC finirait ainsi l'année à 3.400 points (+8%) et le S&P 500 de New York à 1.420 (+13%).

Il conserve un biais positif sur les obligations des entreprises non financières.

"Le rendement du crédit est attractif avec des faibles taux de défaut et un potentiel de réduction des primes de risque", a-t-il dit. (Raoul Sachs)