"Un sursaut des consciences"
Monsieur le Président de l'Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général,
Chers Collègues,
Tout d'abord, je tiens à saluer la hauteur de vue et la
justesse des propos tenus par notre Secrétaire
général, que je soutiens pleinement.
Chers Collègues,
Je viens de Belgique, un des 6 pays fondateurs de l'Union
européenne, une union multiculturelle de 500 millions
d'habitants qui - comme l'a rappelé le Président Obama -
vivent en paix après avoir connu d'horribles guerres.
La Belgique est un lieu unique de décisions politiques et
de rencontres internationales. Bruxelles est la capitale de
l'Europe. Elle abrite également le quartier général de
l'OTAN.
Nous sommes naturellement ouverts sur le monde. Je viens de
la ville de Mons, qui sera capitale européenne de la
culture en 2015. En 2014, la Belgique commémorera avec
solennité le centenaire de la Première Guerre Mondiale.
Nous le faisons par devoir de mémoire envers les jeunes de
plus de 50 pays qui, sur notre territoire, ont défendu les
idéaux de paix et de liberté. Anvers accueillera en 2013
les World OutGames, un rassemblement de la tolérance et de
la diversité. Et la ville de Liège est candidate pour
accueillir l'Exposition internationale en 2017.
Tous ces événements internationaux poursuivent le même
objectif : nous rapprocher et nous mobiliser autour de
valeurs universelles.
Mes chers Collègues,
Je ne répèterai pas les priorités de l'Union européenne qui
vous ont été présentées par le Président Van Rompuy. La
Belgique les soutient pleinement.
Permettez-moi d'évoquer, en quelques minutes, les priorités
de mon pays.
Tout d'abord, le respect des droits de l'Homme et l'Etat de
droit.
La question du respect des vies et des droits humains est
fondamentale. Qu'il s'agisse des droits de l'enfant, de
ceux de la femme, des droits des réfugiés, de la lutte
contre toutes les formes de discrimination, il n'y a qu'un
principe qui vaille pour mon pays : l'égalité effective
entre tous les êtres humains, quelles que soient leurs
conditions ou leurs convictions.
A cet égard, la Belgique propose avec la Slovénie une
résolution contre la discrimination raciale. J'espère que
vous la soutiendrez.
Nous avons tous, chefs d'Etat et de Gouvernement et
Ministres, une responsabilité collective immense. Pour que
les femmes deviennent les égales des hommes, au niveau
politique, social et économique.
Pour que les petites filles ne soient plus excisées. Pour
que les violences contre les femmes soient systématiquement
combattues et poursuivies.
Dans mon pays, ce sont 3 femmes qui dirigent les Ministères
de la Justice, de l'Intérieur et la police. Dans mon pays,
des efforts importants sont mis en œuvre pour combattre
plus efficacement les violences conjugales.
Notre législation interdit et punit toute forme de
discrimination, que ce soit sur la base du sexe, de la
prétendue race, du handicap, de l'âge ou de l'orientation
sexuelle. Dans mon pays, le mariage et l'adoption sont
ouverts aux personnes de même sexe. Ce sont des motifs de
fierté pour la Belgique.
La Belgique, soutenue par plusieurs pays de l'Union
européenne, vous invite d'ailleurs à entreprendre,
ensemble, des actions résolues dans plusieurs domaines de
la vie sociale.
Je pense notamment à la décriminalisation des orientations
sexuelles et aux droits des Lesbiennes, Gays, Bisexuels et
Transgenres. Je salue, à cet égard, l'initiative de
l'UNESCO contre l'homophobie dans les écoles.
Comme d'autres Collègues l'ont dit à cette tribune, je
voudrais rappeler que la liberté de culte, c'est-à-dire la
liberté de pratiquer une religion ou de n'en pratiquer
aucune, est fondamentale.
La Belgique condamne l'islamophobie. Et elle condamne tout
aussi fermement la violence qui est dans tous les cas
inacceptables. Les êtres humains doivent à la fois être
libres de leurs pensées et capables de s'indigner sans
jamais pour autant recourir à la violence.
Quant aux missions diplomatiques, elles doivent être
inviolables partout dans le monde.
Ce n'est pas en opprimant les êtres humains ou en faisant
prévaloir la violence que l'on résout les défis
fondamentaux de la prospérité, du bien-être des citoyens et
de la paix.
En ce qui concerne l'Etat de droit, la Belgique est
particulièrement attachée à son renforcement partout dans
le monde.
La raison en est simple. Dans mon pays, nous sommes
convaincus que l'Etat de droit est nécessaire au
développement et à la prospérité. Il contribue à un monde
meilleur. Parce que la finalité de l'Etat de droit, c'est
de permettre à chaque personne de vivre, de s'épanouir et
d'aimer en toute liberté.
C'est dans cet état d'esprit et dans une approche basée sur
le respect mutuel que la Belgique adhère au principe de la
responsabilité de protéger les victimes de violences
partout dans le monde (responsibility to protect ou
R2P).
C'est dans cet état d'esprit également que la Belgique a
répondu à la demande de notre Secrétaire général en
annonçant 17 engagements au niveau national et
international.
L'Etat de droit et la lutte pour le respect des droits de
l'Homme nous imposent aussi de renforcer la lutte contre
l'impunité. La Belgique poursuivra sa politique de
coopération active avec les juridictions pénales
internationales.
L'action de la Cour pénale internationale contribue à une
l'avènement d'une époque de la responsabilité. Tous les
Etats se doivent de coopérer avec la Cour.
La Belgique, avec la Slovénie et les Pays-Bas, appelle les
Etats, vous appelle, à améliorer le cadre international de
l'entraide judiciaire et de l'extradition.
Rompre le lien entre la gestion des banques et celle des Etat
Mesdames, Messieurs,
Mes Chers Collègues,
La Présidente du Brésil y a fait référence. Les effets de
la crise et de la spéculation financière affectent chaque
foyer.
Quand le bilan des banques représente 300, 400, 600% du PIB
voire plus d'un pays, nous ne pouvons pas nous étonner
qu'il existe un lien direct entre la gestion des banques et
la santé économique et budgétaire des Etats souverains.
Dans de nombreux pays, des analyses détaillées ont été
menées. Des résolutions ont été prises.
Mais force est de constater que cela ne suffit pas.
Et pour cause !
Le monde de la finance vit au rythme de sa propre logique :
la maximisation des profits, dans des délais les plus
courts possibles.
Ici aux Etats-Unis, le phénomène est mieux connu
qu'ailleurs.
Les robots informatiques dominent les bourses. Ils opèrent
un million de fois plus vite que les « traders » humains.
Ils vendent et achètent des milliers d'actions tous les
millionièmes de seconde.
C'est, ensemble, à l'échelle mondiale, que nous devons
mettre en place des mécanismes de surveillance du monde
financier.
Une surveillance mondiale pour que le monde financier
redevienne davantage un soutien à l'économie créatrice
d'emplois.
Pour éviter aussi que des gestions hasardeuses ne
compromettent la santé économique et budgétaire d'un
pays.
Nous y travaillons en Belgique et au sein de la Zone euro.
Mais une attitude commune globale s'avère
indispensable.
Outre des réformes approfondies du secteur bancaire, osons
aussi taxer les transactions financières. Il est grand
temps que les moyens ainsi dégagés soient utilisés pour la
prospérité de nos populations.
Généraliser une logique de développement économique parcimonieuse de ressources naturelles et d'énergie fossiles de notre monde
Mes chers Collègues,
Notre Assemblée est consacrée notamment au suivi de
Rio+20.
Il nous faut rompre avec une logique de développement
économique dévoreuse de ressources naturelles et
d'énergie.
C'est avec cet objectif que la Belgique participe
activement aux travaux de notre Conseil économique et
social. Permettez-moi d'insister sur l'utilité d'y associer
la société civile notamment via les ONG. L'utilité aussi
d'installer une dynamique pour rendre les politiques
économique, financière ou de commerce international plus
cohérentes avec notre objectif d'un monde plus respectueux
de notre environnement.
A cet égard, la Belgique soutient l'initiative
Sustainable Energy for all du Secrétaire général.
La Belgique insiste également pour que l'on fasse converger
dans un même processus les objectifs du Millénaire et les
objectifs du développement durable.
Mes chers Collègues,
J'aimerais encore évoquer quelques situations régionales
qui préoccupent particulièrement mon pays.
Grands Lacs
La situation dans l'Est de la République Démocratique
du Congo, la recrudescence de la violence ces derniers mois
et la rébellion du M23, sont une grande préoccupation pour
le Gouvernement belge, en particulier en raison de
l'impact grave sur les populations locales.
Les images de massacres, de viols, de recrutement forcé de
soldats - y compris d'enfants -, de pillages... Les
400.000 personnes déplacées... Tout cela est totalement
insupportable.
La Belgique appelle les pays de la région à intensifier
leurs efforts pour mettre fin à la rébellion en cours.
La Belgique plaide également pour la résolution des causes
profondes de l'instabilité de cette région des Grands
Lacs.
Nous saluons les efforts entrepris ainsi que
l'initiative du Secrétaire général d'y consacrer ce
jeudi une rencontre à haut niveau. Notre Ministre des
Affaires étrangères y participera et nous sommes prêts à
contribuer à une solution.
L'intégrité territoriale de la République Démocratique
du Congo doit être respectée. Tout soutien extérieur aux
mutins doit cesser. Qu'on ne se fasse aucune illusion : ce
n'est pas en niant les faits que les faits n'existent pas.
Personne n'est dupe de ce qui se produit sur le terrain. La
Belgique demande à chaque pays de la région des Grands Lacs
de s'engager à respecter la souveraineté du Congo.
La Belgique encourage aussi les autorités congolaises à
mettre en œuvre les réformes nécessaires dans l'armée et la
police afin de rétablir l'Etat de droit sur
l'ensemble du territoire dont l'Est du Congo.
Je plaide pour que la raison l'emporte. La Belgique est
prête à travailler à la restauration de la confiance entre
les pays de la région pour sortir le plus rapidement
possible de cette situation dramatique pour les
populations.
La Belgique souhaiterait qu'une relation directe entre le
Président du Congo et le Président du Rwanda puisse
s'établir et contribue à accélérer une solution.
Syrie
Nous sommes très préoccupés face à la détérioration de la
situation sur le terrain et à l'impasse politique en Syrie.
Nous sommes scandalisés par l'attitude d'un régime qui tue
ses citoyens.
Outre près de 30.000 morts, on compte au moins 250.000
réfugiés dans les pays voisins et bien plus encore de
déplacés.
Comment les consciences humaines ne s'accordent-elles pas
pour arrêter ce massacre ?
Je le dis avec humilité aux responsables des pays membres
du Conseil de Sécurité. Nous ne pouvons pas consciemment
laisser la souffrance humaine perdurer.
La Belgique fait confiance et soutient le Représentant
spécial conjoint Lakhdar Brahimi. La Belgique espère
beaucoup que le travail des pays arabes sera couronné de
succès. Nous devons tous souhaiter que la solution soit
politique. Une chose est sûre : Bachar El Assad doit
partir. Le régime a perdu toute légitimité !
Vu l'urgence et l'hiver qui approche, la Belgique veut que
la communauté internationale avance sur le volet
humanitaire et vienne en aide aux millions de personnes
affectées.
Pour la Belgique, la préoccupation humanitaire est pour
l'heure prioritaire.
Le Gouvernement belge soutient financièrement l'aide
humanitaire aux réfugiés.
Mon pays demande instamment que l'on trouve des solutions
pour permettre aux organisations humanitaires de faire leur
travail, en particulier dans les hôpitaux, conformément au
droit international humanitaire.
Je pense que tant les autorités chinoises et que les
autorités russes peuvent nous rejoindre sur cet objectif.
Conflit israélo-palestinien
Dans la Région, je voudrais aussi mentionner le conflit
israélo-palestien. Tout se passe comme si une chape de
plomb avait été coulée sur les opinions pour sortir de
l'agenda international ce problème majeur.
La Belgique est en faveur de la reprise rapide des
négociations en vue de parvenir à une solution fondée sur
la coexistence de deux Etats, avec l'Etat d'Israël et un
Etat de Palestine indépendant, démocratique, d'un seul
tenant et viable, co-existants dans la paix et la sécurité.
Nous nous prononçons aussi très clairement contre la
poursuite de la colonisation.
Désarmement - Non-prolifération
Les crises qui ébranlent la planète nous fournissent
quotidiennement des exemples qui montrent combien il est
important pour la communauté internationale de continuer à
œuvrer au désarmement et à la non-prolifération des armes
de destruction massive.
Nous voyons avec inquiétude de nombreux pays renforcer
leurs arsenaux d'armes nucléaires et de missiles tandis
que d'autres laissent planer le doute sur leurs
intentions.
La Belgique partage pleinement la position exprimée par le
Président Obama.
Nous continuerons aussi à coopérer activement aux efforts
visant à la conclusion d'un Accord sur le Commerce des
Armes aussi large que possible.
Mesdames, Messieurs,
Mes chers Collègues,
Il n'y a pas d'autres voies que le multilatéralisme pour
améliorer les conditions de notre planète.
Avec humilité, la Belgique est le 15ème contributeur des
Nations Unies. Mon pays participe activement à des
opérations de paix des Nations Unies: à la Monusco en
République démocratique du Congo, à la FINUL au Liban et je
ne cite pas d'autres opérations où nous participons avec
l'OTAN notamment.
Mes chers Collègues,
Ayons le courage et la force de nous entendre pour libérer
l'humanité des guerres, l'émanciper des fatalités sociales
et accompagner son développement.
L'heure est au sursaut de nos consciences!
Démontrons notre capacité d'agir ensemble!
Je vous remercie.
distribué par
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