(Actualisé, citation de Hidjab, § 8, 10)

GENEVE, 31 janvier (Reuters) - La délégation de l'opposition syrienne, arrivée la veille à Genève, a rencontré pour la première fois dimanche l'envoyé spécial des Nations unies Staffan de Mistura et a exigé que la situation humanitaire s'améliore en Syrie en échange de sa participation aux négociations sous l'égide de l'Onu.

"Nous ne sommes venus à Genève qu'après avoir reçu des assurances et des engagements précis sur le fait qu'il y aurait de sérieux progrès quant à la situation humanitaire", a déclaré Bassma Kodmani, membre de la délégation du Haut Conseil des négociations (HCN) créé le mois dernier en Arabie saoudite par des partis politiques et des groupes armés de l'opposition syrienne.

"Tant que nous n'aurons pas vu de tels gestes, nous ne pouvons pas lancer les négociations politiques", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse.

Elle a précisé que des assurances avaient été données au HCN par Staffan de Mistura, par le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon et par le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Pourtant, a-t-elle poursuivi, les soldats syriens et leurs alliés russes semblent rester "sourds" à ces exigences et les opérations militaires se sont mêmes intensifiées sur le terrain.

Salim al Mouslat, porte-parole du HCN, a dit que l'opposition était prête à faire dix pas si le gouvernement de Damas acceptait d'en faire un seul, ce dont il doute.

DES ASSURANCES, MAIS QUELS ACTES ?

"Le régime n'est pas venu à Genève pour trouver une solution mais pour gagner du temps afin de tuer encore plus de Syriens", a-t-il dit.

Dans un communiqué diffusé sur internet, le coordinateur du HCN, Riad Hidjab, qui se trouve à Ryad, souligne que la délégation de l'opposition pourrait quitter Genève si les bombardements gouvernementaux et russes se poursuivent et empêchent l'envoi d'une aide humanitaire aux villes assiégées.

Il faut mettre fin à ces "violations" commises par le régime d'Assad, ajoute-t-il.

"Si le régime et ses alliés continuent de violer les droits du peuple syrien, alors la présence de la délégation du HCN à Genève n'aura pas de justification et le HCN pourrait retirer son équipe de négociateurs", souligne Hidjab dans ce communiqué, après avoir rencontré dans la capitale saoudienne le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

Une autre déléguée du HCN, Farah Atassi, a déclaré quant à elle qu'il était encore trop tôt pour dire combien de temps la délégation de l'opposition resterait à Genève.

Le HCN réclame l'arrêt du bombardement des populations civiles, la levée du blocus des villes assiégées et aussi la libération de quelque 3.000 femmes et enfants qui seraient détenus dans les prisons syriennes, des points qui figurent dans la résolution 2254 adoptée à l'unanimité le 18 décembre par le Conseil de sécurité de l'Onu.

A son arrivée samedi à Genève, la délégation du HCN avait déjà indiqué qu'elle voulait évaluer les intentions du gouvernement de Bachar al Assad sur les questions humanitaires avant de s'engager dans des pourparlers. (John Irish et Suleiman Al-Khalidi; Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)