(Actualisé avec Israël Katz, Netanyahu, détails)

par Dan Williams et Gabrielle Tétrault-Farber

JERUSALEM/GENEVE, 29 janvier (Reuters) -

La vive controverse visant l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens menace désormais son commissaire général, Philippe Lazzarini, dont le ministre israélien des Affaires étrangères a exigé lundi la démission.

L'UNRWA est dans la tourmente depuis la révélation vendredi dernier, sur la base d'informations israéliennes, de l'implication présumée de 12 de ses agents dans les attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre dernier contre l'Etat hébreu.

Philippe Lazzarini, qui a rendu publiques ces informations, avait annoncé à cette occasion avoir diligenté une enquête interne.

Neuf agents de l'agence onusienne ont vu leur contrat résilié, un est décédé et l'identité des deux derniers était en train d'être établie.

"Je viens juste d'annuler les réunions du chef de l'UNRWA Philippe Lazzarini avec des responsables du ministère des Affaires étrangères d'Israël", a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, à Jérusalem.

"Des employés de l'UNRWA ont participé au massacre du 7 octobre", a-t-il ajouté. "Lazzarini devrait en tirer les conclusions et démissionner. Les partisans du terrorisme ne sont pas les bienvenus ici."

Les soupçons pesant sur l'agence des Nations unies, dont le secrétaire général Antonio Guterres s'est dit "horrifié", se sont renforcés avec la mise au jour d'accusations portées par les services de renseignement israéliens dans un document de six pages dont Reuters a eu connaissance.

Selon eux, 190 membres du personnel de l'UNRWA, dont des enseignants, appartiendraient aux mouvements palestiniens Hamas et Djihad islamique.

Les autorités palestiniennes accusent Israël d'avoir falsifié des informations pour ternir l'image de l'UNRWA.

"DOCTRINES DU TERRORISME"

Interrogée sur ce dossier, une porte-parole de l'UNRWA a déclaré qu'elle ne pouvait pas faire de commentaires en raison de l'enquête en cours menée par les Nations unies.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a décrit lundi une organisation "infiltrée par le Hamas".

"Nous avons découvert que 13 (bien 13) agents de l'UNRWA avaient participé directement ou indirectement au massacre du 7 octobre", a-t-il dit sur la chaîne de télévision britannique TalkTV.

"Dans les écoles de l'UNRWA, ils apprennent les doctrines d'extermination d'Israël - les doctrines du terrorisme, de l'apologie du terrorisme, de la glorification du terrorisme", a-t-il ajouté.

De nombreux pays ont décidé de suspendre leur financement à l'agence onusienne, à l'instar de la France qui a annoncé dimanche ne pas "prévoir de nouveau versement au premier trimestre 2024" et réserver sa décision sur la conduite à tenir "en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs".

La liste des pays suspendant leurs dons s'allonge chaque jour : l'Autriche et la Roumanie ont rejoint lundi les rangs des Etats-Unis, de l'Australie, du Canada, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Finlande, notamment.

L'UNRWA, fondée en 1949 à la suite de la première guerre israélo-palestinienne, aide les réfugiés palestiniens en matière de santé, d'éducation, d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban.

Ses principaux donateurs, selon la liste de 2022, sont les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Union européenne, qui a annoncé lundi un audit sur ses contributions financières à l'organisme.

Son rôle est déterminant dans l'assistance aux populations de la bande de Gaza, sous le feu de l'armée israélienne depuis le 7 octobre dernier. L'agence emploie 13.000 personnes à Gaza. (Rédigé par Dan Williams à Jérusalem, avec la contribution de Gabrielle Tétrault-Farber à Genève ; version française Kate Entringer et Sophie Louet)