PARIS (Reuters) - L'économie mondiale va ralentir cette année mais sans s'effondrer, estime Société Générale, qui anticipe une "stagflation", une configuration loin d'être idéale pour les banques centrales avec le risque que le resserrement de leur politique monétaire ne soit plus dur qu'attendu.

L'inflation va rester forte dans tous les pays avancés, ce qui n'augure pas d'un "pivot" dans les stratégies monétaires des banques centrales avant 2024.

"Plutôt qu'une forte récession en hiver, on est dans un scénario de stagflation, caractérisée par une inflation élevée et une croissance modérée, c'est à dire inférieure au potentiel, de l'ordre de 1,2% aux Etats-Unis et de 0,8% en zone euro en 2023", a déclaré jeudi Michel Martinez, chef économiste pour l'Europe chez Société Générale Corporate & Investment Banking, lors d'une conférence à Paris.

"Ce n'est pas un scénario catastrophique mais c'est sans doute le pire scénario pour les banques centrales car on n'a pas de forte détérioration de l'activité et les tensions inflationnistes persistent", a-t-il ajouté.

Aux Etats-Unis, l'inflation devrait passer de 8,1% en 2022 à 4,1% cette année tandis que dans la zone euro, elle devrait refluer de 8,5% à 6,5%, d'après les prévisions de la banque française.

Avec le recul des prix de l'énergie, c'est l'inflation sous jacente qui est à surveiller du fait de la réouverture de l'économie, de l'augmentation des prix des biens avec les goulets d'étranglement et des tensions sur le marché du travail et donc les salaires, toujours selon la Société générale.

"Aux Etats-Unis, tant qu'on n'a pas un ralentissement des salaires, on a du mal à voir l'inflation immobilière ralentir (...) Pour revenir sur une inflation à 2%, il faudra que l'inflation immobilière revienne sur des rythmes de l'ordre de 3%. Les indicateurs avancés montrent que ce sera graduel", a souligné Yvan Mamalet, économiste senior pour l'Europe.

Société Générale s'attend à un taux terminal de 3,75% en juillet pour la Banque centrale européenne, qui devrait commencer à baisser ses taux fin 2024, et de 5,1% pour la Réserve fédérale, qui devrait engager un pivot sur ses taux au début de l'année 2024.

"Cela permettra d'avoir à ce moment-là des signaux de ralentissement plus marqués et une croissance des salaires moins dynamique. A partir de mai, la Fed sera en mode 'wait and see' tout en gardant vraisemblablement un discours assez dur".

(Reportage Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)