Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait maintenir jeudi le statu quo sur ses taux d'intérêt dans un contexte d'activité économique terne sur fond d'incertitudes persistantes liées au Brexit.

"Il est fort probable que la Banque d'Angleterre (BoE) va maintenir son taux d'intérêt jeudi après la réunion de son Comité de politique monétaire (CPM)", a prévenu Howard Archer, économiste chez EY Item Club.

Il y a tout juste un an, la banque centrale britannique avait décider de dégainer ses armes monétaires afin d'anticiper les effets négatifs attendus de la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE) et de contrer ceux de la dégringolade de la livre britannique à la suite du référendum du 23 juin 2016.

Outre la baisse de son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,25%, la BoE avait relancé son programme de rachats d'obligations d'État, débloquant 60 milliards de livres sur six mois pour le porter à 435 milliards de livres (environ 486 milliards d'euros au cours de mercredi), et lancé un programme de 10 milliards de livres de rachats d'obligations d'entreprises, prévu initialement sur 18 mois et épuisé fin avril.

"Qui plus est, les arguments en faveur d'une hausse prochaine des taux s'étiolent", a souligné Howard Archer.

"Il y a encore quelques semaines, la probabilité d'une hausse des taux plus tôt que prévu grandissait et un resserrement en août était une vraie possibilité", a relevé l'économiste.

Trois des huit membres que compte actuellement le Comité avaient voté en juin pour une hausse immédiate du taux directeur, mais depuis, le mandat de Kristin Forbes, qui s'était seule prononcée pour une hausse lors des deux réunions précédentes, est arrivé à son terme.

De récents propos de l'économiste en chef de l'institution Andy Haldane ont laissé penser qu'il pourrait se joindre à eux prochainement mais il est peu probable qu'il le fasse dès août.

- Croissance révisée en baisse ? -

En effet, depuis la dernière réunion du CPM, les indicateurs économiques ont dans l'ensemble été décevants, avec en particulier le timide raffermissement de la croissance au deuxième trimestre après un net coup de frein en début d'année.

Lors des trois mois d'avril à juin, le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a ainsi progressé de 0,3% par rapport au trimestre précédent.

"Le CPM n'a jamais relevé ses taux quand la croissance était inférieure à 0,5% et elle ne va pas changer ses habitudes", a estimé Samuel Tombs, analyste chez Pantheon Macroeconomics.

De plus, "la croissance devrait rester faible au second semestre 2017, ce qui devrait garantir que le CPM va rester inactif cette année", a estimé M. Tombs.

D'ailleurs, les observateurs s'accordent à dire que la BoE va abaisser ses prévisions de croissance au Royaume-Uni au moins pour le court terme dans le rapport trimestriel sur les perspectives de croissance et d'inflation qui sera publié jeudi à la mi-journée en même temps que la décision monétaire du CPM.

Et avec une croissance révisée à la baisse, "l'inflation n'inquiètera pas assez le CPM pour relever ses taux cette année ou la suivant" pour contrer la hausse des prix, a prévenu Samuel Tombs.

D'ailleurs, l'inflation a déjà ralenti en juin, à 2,6% sur un an, après 2,9% en mai, et cette tendance pourrait se poursuivre du fait notamment d'un raffermissement de la livre britannique ces dernières semaines.

Ainsi, les prévisions des économistes ne tablent pas sur une hausse de taux avant le deuxième trimestre 2018 au plus tôt, et penchent dans l'ensemble pour un premier resserrement monétaire depuis juillet 2007 pas avant la fin 2018.

Et cette prévision prend pour scénario de base "qu'il finira par y avoir un accord sur une période de transition dans le cadre du Brexit qui aidera l'économie à se reprendre fin 2018", a prévenu Howard Archer.

afp/rp