Londres (awp/afp) - Les ventes au détail ont été mitigées en octobre au Royaume-Uni où le pouvoir d'achat des ménages fléchit, ce qui rend d'autant plus cruciaux les rendez-vous de Noël et de fin d'année pour l'activité britannique sur fond de Brexit.

Ces ventes ont quelque peu progressé de 0,3% en octobre par rapport à celles de septembre, d'après l'Office des statistiques nationales (ONS) qui a mis en avant la bonne performance des magasins spécialisés dans les produits ménagers, mais aussi une progression des affaires des magasins d'occasion.

L'ONS a souligné que, malgré un temps doux nuisible aux ventes de vêtements en début d'automne, la tendance générale des ventes au détail était favorable, avec une progression de 0,9% lors des trois mois d'août à octobre comparé à la période de mai à juillet.

Reste que les ventes avaient été décevantes en septembre (-0,7% par rapport à août d'après des données révisées) et que d'une année sur l'autre, elles ont diminué de 0,3% en octobre, l'ONS évoquant un effet de comparaison défavorable après un mois d'octobre 2016 solide.

ll s'agit de la première baisse en comparaison annuelle depuis mars 2013.

Le pouvoir d'achat des Britanniques est comprimé depuis le début de l'année du fait d'une inflation accélérée par la dépréciation de la livre sterling consécutive au vote en faveur du Brexit au référendum du 23 juin 2016 - les cambistes tablant sur de moins bonnes perspectives pour un Royaume-Uni hors de l'Union européenne.

D'après les données diffusées jeudi par l'ONS, les prix ont bondi de 3,5% en octobre sur un an dans les magasins alimentaires.

"Les consommateurs continuent de faire face à une situation difficile" a résumé Howard Archer, économiste chez EY ITEM Club, rappelant que leur pouvoir d'achat allait encore baisser jusqu'à la fin de l'année du fait d'une inflation autour de 3% tandis que les salaires n'augmentent que d'un peu plus de 2% d'une année sur l'autre.

- Faibles marges de manoeuvres -

"En outre, la confiance des consommateurs reste endommagée par les incertitudes économiques et politiques considérables", au moment où le gouvernement britannique négocie dans la douleur son Brexit avec Bruxelles, a-t-il ajouté.

En 2017 la croissance du produit intérieur brut britannique a été jusqu'à présent en deçà de ses bonnes performances de 2015 et 2016. Elle pourrait s'élever in fine sur l'ensemble de l'année à 1,6%, d'après un panel d'économistes indépendants sondés par le Trésor.

Mais le chiffre final dépendra lourdement de la dynamique de fin d'année, a fortiori pour ce pays où le rendez-vous de Noël est particulièrement incontournable.

"La période de Noël, qui débute vraiment avec le +Black Friday+ du 24 novembre, sera cruciale", avertit Ben Brettell, économiste chez Hargreaves Lansdown.

Il a noté que les données publiées jeudi, sans être enthousiasmantes, n'étaient pas catastrophiques non plus et meilleures qu'attendu par les économistes.

Au-delà des confettis de fin d'année, le moral des ménages et leur aptitude à dépenser devrait dépendre nettement dans les mois à venir de la tournure des négociations entre Bruxelles et le gouvernement conservateur de Theresa May qui est confrontée à un paysage politique très divisé et conflictuel autour des enjeux du Brexit.

Le "bye bye" officiel vis-à-vis de l'UE est prévu le 29 mars 2019 mais de nombreuses inconnues entourent ce processus, notamment l'existence ou non d'une période de transition pour atténuer l'impact de ce bouleversement inédit.

Dans cette situation complexe et tendue, le ministre des Finances Philip Hammond ne devrait pas avoir d'énormes marges de manoeuvres financières et politiques lors de la présentation du budget de l'Etat mercredi 22 novembre.

afp/rp