(Actualisé avec démission de Patel)

LONDRES, 8 novembre (Reuters) - La ministre britannique du Développement international, Priti Patel, a été contrainte à la démission mercredi en raison du scandale provoqué par des rencontres qu'elle a eues avec des dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, sans en informer Theresa May.

Priti Patel, qui avait dû interrompre un voyage en Afrique pour s'expliquer, a présenté sa démission à Theresa May mercredi lors d'un entretien au 10, Downing Street et a renouvelé ses excuses à la Première ministre et au gouvernement pour "ne pas avoir été à la hauteur de ses fonctions".

Theresa May a accepté sa démission et l'a remerciée d'avoir pris la "bonne décision".

Les entretiens entre Priti Patel et des responsables israéliens ont eu lieu lors de vacances de la ministre en Israël et constituent des infractions au protocole diplomatique car cette dernière a empiété sur un domaine qui ne relevait pas de sa compétence.

Selon le quotidien The Sun, la ministre aurait également omis de signaler des rencontres avec le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Yuval Rotem, à New York et avec le ministre israélien de la Sécurité publique, Gilad Erdan, à Londres.

Aucun représentant du gouvernement britannique n'était présent lors de ces discussions et ces entrevues ont été organisées d'une manière qui n'est pas conforme aux procédures habituelles, a indiqué une source informée de la situation.

Le journal israélien Haaretz indique pour sa part que Priti Patel s'est rendue dans un hôpital de campagne des forces armées israéliennes sur le plateau du Golan.

Cette affaire impliquant l'une des figures de la campagne en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016 intervient au plus mauvais moment pour Theresa May, déjà affaiblie par les résultats des élections législatives de juin qui ont vu les conservateurs perdre leur majorité à la Chambre des communes.

La chef du gouvernement, qui peine de plus en plus à convaincre les Britanniques de sa capacité à obtenir un bon accord pour le Royaume-Uni dans les négociations sur le Brexit, doit également composer avec le départ de son ministre de la Défense.

Michael Fallon a été contraint de démissionner en raison d'une affaire de harcèlement sexuel et a été remplacé par Gavin Williamson.

Mardi, le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson s'est vu enjoindre de présenter des excuses après des propos malencontreux concernant une employée humanitaire emprisonnée en Iran.

Selon le député travailliste Pat McFadden, il règne au sein du gouvernement britannique une "odeur de mort" et les députés de l'opposition posent ouvertement la question de la capacité de Theresa May à diriger le pays.

(Andrew MacAskill et Elizabeth Pieper; Pierre Sérisier et Tangi Salaün pour le service français)