par Laura MacInnis

CAMP DAVID, Maryland, 19 mai (Reuters) - Un nombre croissant de chefs d'Etat ont plaidé vendredi, à l'ouverture du sommet du G8 de Camp David, en faveur de politiques de croissance afin d'aider l'Europe à sortir de la crise qui menace de se répercuter sur l'économie mondiale.

Le président Barack Obama a donné le ton à l'ouverture du sommet du G8, qui se déroule vendredi et samedi dans le Maryland, en se déclarant favorable à des mesures de relance de la croissance en Europe, s'alignant ainsi sur la position de François Hollande.

Il s'est accordé avec le président français sur le fait que la lutte contre la crise de la zone euro est "un problème d'une extraordinaire importance, non seulement pour les Européens mais aussi pour l'économie mondiale".

"Nous attendons une discussion fructueuse ce soir et demain avec les autres dirigeants du G8 sur la façon dont nous pouvons parvenir à une approche responsable qui soit couplée avec un programme de croissance forte", a-t-il ajouté.

Le positionnement de Barack Obama reflète son inquiétude de voir la crise de la zone euro fragiliser encore davantage la reprise de l'économie américaine et réduire ses chances de réélection à la présidentielle de novembre.

Angela Merkel, qui plaide au contraire pour une forte discipline fiscale afin de réduire le niveau de la dette, semblait assurée de se retrouver plus isolée que jamais à Camp David.

Un isolement d'autant plus grand à en croire le projet de communiqué que Reuters a pu consulter et qui prévoit d'insister sur "l'impératif de créer de la croissance et des emplois".

"L'Allemagne est presque complètement isolée", a déclaré Domenico Lombardi, ancien responsable du Fonds monétaire international. Alors qu'elle avait le dessus lorsqu'il s'agissait de contrôler la dette, "il est maintenant clair que la Grèce est devenue une crise systémique", et que ce doit être maintenant le centre des débats, a-t-il ajouté.

DIVERGENCES SUR L'AFGHANISTAN

Témoin de la frustration générée sur les marchés par le bouleversement politique post-électoral en Grèce, Le Premier ministre David Cameron a appelé les pays de la zone euro à une action décisive, estimant que les Grecs devaient "décider" s'ils voulaient rester dans la zone euro.

La rencontre entre les présidents français et américain a révélé par ailleurs des divergences sur l'avenir de la mission militaire de l'Otan en Afghanistan, qui sera au coeur des discussions dimanche au sommet de l'Otan de Chicago.

Le départ d'Afghanistan d'ici la fin de l'année des forces françaises combattantes "n'est pas négociable", a dit le chef de l'Etat français, qui a toutefois laissé la porte ouverte à une coopération future "d'une autre nature, d'une autre forme, mais qui se situerait en bonne intelligence avec nos alliés (...) C'est-à-dire que nous pourrons respecter notre engagement tout en l'appuyant différemment en Afghanistan".

Les responsables américains espèrent quant à eux convaincre François Hollande de revoir le plan de retrait de la France.

(Avec Alistair Bull, Jeff Mason, Caren Bohan, Stella Dawson, Elizabeth Pineau, John Irish et Gleb Bryanski, Hélène Duvigneau pour le service français)