Paris (awp/afp) - Les aides publiques pendant la pandémie ont protégé beaucoup d'entreprises de la faillite l'an dernier mais ont aussi permis à d'autres de cesser leur activité dans de meilleures conditions, tandis que les créations d'entreprises ont été très dynamiques, selon un baromètre publié vendredi.

Les défaillances ont reculé de près de 45% par rapport à 2019, à un niveau "excessivement bas", grâce "aux mesures fortes prises par le gouvernement pour préserver la trésorerie des entreprises", selon le Baromètre national des entreprises de l'institut Xerfi et du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce.

On s'attend toutefois toujours à ce que les ouvertures de procédures collectives reprennent, relèvent les auteurs du baromètre, qui ne voient pas pour autant se profiler un "mur de faillites".

Malgré un étiage au plus bas depuis 35 ans, le risque d'un retour des défaillances à leur niveau d'avant-crise "semble s'éloigner de plus en plus compte tenu de la dynamique économique qui a pu être initiée par les plans de relance" et, "si effet de rattrapage il y a, il ne sera que partiel", a prédit le vice-président de Xerfi Laurent Frelat lors d'une conférence de presse.

Mais le baromètre met en lumière une tendance jusqu'ici passée inaperçue: profitant des aides mises en place par les pouvoirs publics, certains entrepreneurs en difficulté ont cessé volontairement leur activité, sans se déclarer en faillite.

"Avec les suspensions d'échéances fiscales et sociales et l'arrêt des assignations en procédure de l'Urssaf notamment, ces entreprises (radiées) ont préféré jeter l'éponge et fermer leurs portes en bénéficiant ainsi d'un effet d'aubaine", selon le baromètre.

Les radiations du registre du commerce et des sociétés (RCS) ont ainsi bondi de plus de 30% l'an dernier, dépassant leur niveau de 2019.

Une entreprise peut être soit radiée "d'office" par le tribunal de commerce, soit à la suite d'une procédure collective ou alors de manière volontaire dans près d'un cas sur deux.

Les radiations "se positionnent largement au-dessus des années précédentes à partir de l'été", a précisé Laurent Frelat.

Même si elles ont amorcé une reprise vers la fin 2021, les défaillances sont restées, elles, sur l'année à un niveau exceptionnellement bas, selon les données des greffes qu'a aussi analysées de son côté cette semaine le cabinet Altares.

Des créateurs plus jeunes

Signe de la vigueur de la reprise, ces mêmes greffes ont immatriculé 611.264 nouvelles entreprises, soit un tiers de plus qu'en 2019 avant la crise.

Ce boom de créations est porté "par un changement radical du profil de ces nouveaux entrepreneurs", analyse M. Frelat, qui note que par rapport à 2019, l'âge moyen de la création d'entreprise a perdu 1,1 an pour passer en-dessous de 40 ans, à 39,7 ans précisément.

Il s'agit majoritairement d'auto-entrepreneurs, qui sont particulièrement nombreux dans le secteur transport et entreposage. L'âge moyen des créateurs dans ce secteur - qui comprend les livraisons à domicile en plein essor avec la pandémie - est de 29 ans.

"On est probablement en train de passer d'un monde du salariat à un monde de la prestation", selon le vice-président du Conseil national des greffiers Thomas Denfer, qui y voit une des raisons des difficultés qu'ont les entreprises aujourd'hui à recruter.

L'Insee, qui comptabilise aussi les auto-entrepreneurs exerçant une activité libérale et non tenus de s'immatriculer au RCS, a de son côté dénombré cette semaine un record de près d'un million de créations en 2021, dont plus de 640.000 micro-entreprises, en hausse de 17% sur un an.

Le dynamisme de l'entrepreunariat n'est cependant pas limité aux auto-entrepreneurs, dont l'autonomie réelle est parfois contestée. Ainsi les créations de sociétés ont dépassé 270.000 l'an dernier, en hausse de 24,3% sur 2020.

afp/rp