PARIS, 6 janvier (Reuters) - Après des mois d'hésitation, François Hollande s'oriente vers une solution interne au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour remplacer Bernard Bigot, l'administrateur général en fin de mandat de cet acteur clef de la recherche en France.

Selon des sources concordantes, l'actuel patron de la direction des applications militaires (DAM) du CEA, Daniel Verwaerde, 60 ans, tient désormais la corde et l'annonce de sa désignation par le chef de l'Etat serait imminente.

"La décision est prise", a assuré mardi à Reuters une source familière de ce dossier.

Le deuxième mandat de Bernard Bigot, atteint par la limite d'âge et appelé à prendre la direction du projet international de réacteur expérimental Iter, prend fin le 8 janvier, tandis que l'Assemblée a prévu d'auditionner son successeur le 14.

Ingénieur diplômé de la prestigieuse Ecole centrale de Paris, Daniel Verwaerde a fait toute sa carrière au CEA, où il jouit d'un a priori positif parmi les 16.000 salariés et les syndicats, ce qui était loin d'être le cas d'autres candidats.

La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, poussait la candidature de Bernard Dupraz, polytechnicien, venu d'EDF, délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense.

Selon des sources syndicales, des conseillers de Ségolène Royale prônaient un début de démantèlement du CEA, qui aurait perdu l'une de ses directions les plus prometteuses, celle de la recherche technologique (applications industrielles, énergies renouvelables, micro et nanotechnologies, logiciels ...).

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, poussait pour sa part la candidature de Stéphane Israël, haut fonctionnaire, agrégé d'histoire, qui fut le directeur de cabinet de l'ancien ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avant d'être nommé PDG d'Arianespace en avril 2013.

Le fait qu'il ne soit pas un scientifique est, selon les sources, un des éléments qui ont joué contre lui.

François Hollande aurait renvoyé dos-à-dos Ségolène Royal, Laurent Fabius et leur candidat respectif.

Plusieurs autres prétendants ont aussi été écartés, dont le conseiller du chef de l'Etat pour l'enseignement supérieur et la recherche, Vincent Berger, et Christophe Gegout, actuel directeur financier du CEA.

Le paradoxe, si la nomination de Daniel Verwaerde se confirme, est que ce dernier n'était pas vraiment candidat à la succession de Bernard Bigot.

"C'est un choix de consensus et de transition. Il connaît très bien la maison mais je pense qu'il ne fera qu'un mandat", a confié à Reuters un responsable syndical du CEA. (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)