(Actualisé avec SOS Racisme, § 9)

LILLE, 11 mars (Reuters) - Un assistant parlementaire de Marine Le Pen a été provisoirement suspendu dimanche du Front national, qui tient son 16e congrès à Lille, à la suite d'une controverse née d'insultes racistes qui lui sont attribuées, a-t-on appris auprès du député Sébastien Chenu.

Sur une vidéo circulant sur Twitter, on voit un homme ressemblant à Davy Rodriguez, visiblement en état d'ébriété, lancer "nègre de m..." sans qu'on puisse distinguer la personne à laquelle s'adresse cette injure.

"Puisqu'il est attaqué de toutes parts, nous allons le suspendre pour qu'il puisse se défendre", a déclaré à des journalistes Sébastien Chenu, qui emploie également Davy Rodriguez en qualité de collaborateur à l'Assemblée, précisant que cette suspension "à titre conservatoire" avait été acceptée par Marine Le Pen.

"Je nie formellement avoir tenu les propos racistes qui me sont prêtés", a écrit Davy Rodriguez sur son compte Twitter.

Sébastien Chenu, qui parle d'un "traquenard", a déclaré avoir "confiance" en lui.

L'assistant de la présidente frontiste, par ailleurs directeur adjoint du Front national de la jeunesse (FNJ) et désigné en novembre parmi les "ambassadeurs de la refondation" du parti, n'a pas répondu aux sollicitations de Reuters, pas plus que le numéro un du FNJ, Gaëtan Dussausaye.

Sur la vidéo en question, l'homme qui profère l'injure raciste est entouré d'autres personnes qui tentent de le raisonner, dont l'une lui dit : "Tu crois que Marine, elle aimerait te voir comme ça ? Calme-toi."

Le site Buzzfeed a publié le témoignage d'un homme noir, présenté comme un agent de sécurité d'un bar de Lille et comme la cible des insultes. Celui-ci dit avoir également été traité de "sale Africain" et de "singe".

L'association SOS Racisme a fait savoir dans un communiqué qu'elle étudiait les "procédures judiciaires qu'il convient de donner à cette inadmissible agression raciste".

Réélue dimanche à la présidence du FN, Marine Le Pen tente depuis son intronisation, en 2011, de "dédiaboliser" son parti pour parer au soupçon de racisme, tenace sous l'ère Jean-Marie Le Pen.

Le congrès de Lille est censé parachever cette mue avec un changement de statuts, prévoyant la fin de la présidence d'honneur de Jean-Marie Le Pen, et un changement de nom au profit d'une nouvelle appellation tenue secrète jusqu'à ce dimanche après-midi. (Simon Carraud, édité par Sophie Louet)