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Les derniers arbitrages en fin de semaine, dit Matignon

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Présentation de la réforme le 10 janvier

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Début de son examen à l'Assemblée nationale en février

PARIS, 3 janvier (Reuters) - La Première ministre, Elisabeth Borne, lance cette semaine une dernière série de concertations avec les partenaires sociaux et des cadres de la droite avant de finaliser la réforme hautement sensible des retraites, qui prévoit le report de l'âge légal de départ.

Cette réforme, qui a pour ambition de rééquilibrer les finances du régime des retraites sur le long terme en allongeant la durée du travail, doit être dévoilée mardi 10 janvier.

Elle sera ensuite présentée en conseil des ministres le 23 janvier puis examinée à l'Assemblée nationale début février pour une entrée en vigueur avant "la fin de cet été", a déclaré Elisabeth Borne dans un entretien sur franceinfo.

A une semaine de l'échéance, les questions les plus sensibles ne sont pas encore complètement tranchées, a assuré la Première ministre, rappelant que "les discussions continuent".

Outre les représentants des organisations patronales et syndicales, reçus un à un mardi et mercredi à Matignon, Elisabeth Borne s'entretiendra cette semaine avec des responsables de la majorité, dont le président du MoDem, François Bayrou.

Sont également prévus des échanges avec le président nouvellement élu du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix, et son collègue au Sénat, Bruno Retailleau, fait savoir l'entourage de la Première ministre.

Le soutien espéré du Sénat, majoritairement à droite, et de la soixantaine de députés LR pourrait en effet aider le gouvernement à faire passer sa réforme rejetée par la gauche et les syndicats, qui promettent une mobilisation unitaire d'ampleur.

Elisabeth Borne pourrait également rencontrer des membres du groupe centriste Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), qui compte une vingtaine de députés à l'Assemblée nationale.

"La Première ministre veut aller au bout des choses, elle reste déterminée à mener à bien cette réforme avec le souci que les choses soient claires et soient dites", affirme un membre de son entourage.

Dans tous les cas, les derniers arbitrages seront pris en fin de semaine avec le président de la République, précise-t-on à Matignon.

LES 65 ANS, PAS UN "TOTEM"

Pour l'heure, la mesure qui cristallise les oppositions, l'hypothèse d'un report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans d'ici 2031, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, est toujours sur la table. Mais ce n'est pas "un totem", a assuré la Première ministre sur franceinfo.

"Il y a d'autres solutions qui peuvent permettre aussi d'atteindre l'équilibre de notre système de retraites à l'horizon 2030. Sur tous ces sujets, on continue à discuter", a-t-elle ajouté.

L'exécutif tente également de se rapprocher de la CFDT. Le président de la commission des Lois à l'Assemblée nationale, Sacha Houlié, proche d'Emmanuel Macron, doit rencontrer le secrétaire général de la centrale Laurent Berger mercredi après-midi, selon l'agenda du syndicaliste.

Elisabeth Borne a d'ailleurs déjà fait un geste mardi à l'égard du syndicat en annonçant la suppression d'un projet de décret très décrié qui réduisait de 40% la durée des indemnisations chômage si le taux de chômage passait sous la barre des 6%.

La CFDT a toutefois rappelé ses limites.

"La ligne rouge à ne pas franchir, c'est le décalage de l'âge légal de la retraite. Si, le 10 janvier, le report de l'âge est annoncé par le gouvernement, on appellera à se mobiliser contre cette réforme", a-t-elle écrit sur Twitter.

Les Républicains n'ont pour leur part pas encore affiché de position commune sur la question sensible de l'âge, qui divise en interne.

La majorité sénatoriale souhaite un report de l'âge légal à 64 ans, assorti d'une accélération de la réforme de 2014 dite "Touraine" qui prévoit une augmentation de la durée de cotisation à 43 ans. Olivier Marleix préfère quant à lui un report à 63 ans d'ici la fin du quinquennat. (Rédigé par Blandine Hénault et Caroline Pailliez, avec Elizabeth Pineau, édité par Kate Entringer et Sophie Louet)