PARIS, 2 septembre (Reuters) - L'économiste Jean Pisani-Ferry, qui a contribué à la rédaction du volet économique du programme présidentiel d'Emmanuel Macron, appelle le chef de l'Etat à changer d'approche pour adopter une "méthode moins jupitérienne", dans un entretien accordé au Journal du Dimanche.

Selon lui, la phase post-électorale qui a permis à Emmanuel Macron pendant quinze mois d'être "un président du faire", grâce au mandat qu'il avait reçu, se termine.

"Il va falloir préparer les prochaines reformes de manière plus ouverte", prévient l'économiste selon qui "l'important, c'est que les Français deviennent les acteurs de la transformation de leur société".

"Cela suppose plus de délibération, une méthode moins jupitérienne", poursuit-il en estimant que "la réforme des retraites sera un test".

Déclarant ne se sentir "ni propriétaire ni comptable" d'un programme qu'il a contribué à construire mais qui était "celui du président", Jean Pisani-Ferry égratigne les modalités de la mise en oeuvre des premières réformes fiscales du début du quinquennat.

Il juge "dommage d'avoir décalé dans le temps la baisse des cotisations salariés pour des raisons budgétaires", qui a éclipsé le fait que la hausse de la CSG a été compensée par la baisse des prélèvements sur les revenus du travail.

Et s'il salue la suppression de l'ISF, "un impôt d'affichage, auquel échappaient les vraies grandes fortunes", il souligne que "la contrepartie logique devrait être un impôt fort sur les grosses successions".

"Sauf qu'il faut un courage politique énorme pour le faire passer", observe-t-il.

Cinq jours après la démission de Nicolas Hulot, Jean Pisani-Ferry appelle par ailleurs le gouvernement à "répondre au constat fort et sincère" de ce dernier.

En termes de transition écologique, "il faut fixer ce que nous voulons atteindre à dix ans et en faire un axe central de l'action gouvernementale", juge l'économiste.

Jean Pisani-Ferry avait déjà émis un certain nombre de réserves à l'encontre de la politique menée par Emmanuel Macron début juin, dans une note confidentielle rédigée avec deux autres économistes proches du chef de l'Etat et révélée par Le Monde.

Avec Philippe Aghion, professeur au Collège de France et Philippe Martin, qui préside depuis janvier le Conseil d'analyse économique (CAE), il avait appelé le chef de l'Etat à rééquilibrer sa politique sur le volet social et à se saisir de la question des inégalités.

Le président de la République "a sans doute entendu notre message", estime-t-il, en précisant que "notre constat reste valable." (Myriam Rivet, édité par Jean Terzian)