PARIS, 10 juin (Reuters) - Agnès Buzyn réaffirme dans un entretien accordé au Journal du Dimanche qu'"il n'y aura pas de coupes budgétaires sur les plus pauvres" mais laisse présager des révisions des critères d'attribution dans une volonté d'"efficacité".

Au sein du gouvernement, "il n'y a qu'une seule ligne : travailler à l'efficacité de nos politiques sociales", assure-t-elle, alors que le gouvernement peine à apaiser les inquiétudes sur la réforme à venir des aides sociales, malgré les démentis sur d'éventuelles coupes.

Les déclarations du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et de son collègue de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin ont semé le doute ces dernières semaines sur les intentions de l'exécutif.

"Il n'est pas question de faire des économies sur le dos des pauvres", déclare la ministre des Solidarités et de la Santé, qui doit présenter dans quelques semaines la stratégie du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté.

"En aucun cas, nous ne remettons en cause (le) bien-fondé" des prestations sociales, mais "nous sommes en droit d'interroger leur efficacité", note Agnès Buzyn.

"Toutes les allocations peuvent être discutées", par exemple "la façon dont elles sont attribuées", explique-t-elle. La prime d'activité sera revalorisée conformément aux engagements d'Emmanuel Macron mais "on peut en revanche interroger sa construction et ses bénéficiaires", poursuit la ministre.

Agnès Buzyn précise également que le versement des aides sociales va évoluer vers un système "plus réactif".

"À partir de 2019, les prestations sociales versées vont progressivement s'appuyer sur les ressources des personnes au moment de leur déclaration, et non plus avec deux ans de retard".

Emmanuel Macron s'était engagé lors de la campagne présidentielle à mettre en place un "versement social unique" regroupant toutes les allocations sociales, qui seraient versées "le même jour du mois, un trimestre maximum après la constatation des revenus".

Au-delà des critiques de l'opposition, qui décrit régulièrement le chef de l'Etat comme le "président des riches", les doutes ont gagné ces derniers jours les rangs de la majorité, qu'il s'agisse du président du MoDem François Bayrou ou des trois économistes ayant contribué à rédiger le volet économique du programme présidentiel d'Emmanuel Macron. (Myriam Rivet, édité par Jean Terzian)