PARIS, 2 août (Reuters) - L'accès au centre-ville de Nantes sera interdit aux "fauteurs de troubles" samedi, jour de rassemblement en hommage à Steve Maïa Caniço, et les forces de l'ordre seront présentes en grand nombre, a annoncé vendredi la préfecture de Loire Atlantique.

L'animateur scolaire âgé de 24 ans, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin après une opération de police controversée le soir de la Fête de la musique, a été retrouvé mort lundi dans la Loire.

Le préfet Claude d'Harcourt a insisté lors d'une conférence de presse sur la nécessité que "tous ceux qui sont dans un état d'esprit d'émotion, que je comprends parfaitement, à l'égard de la disparition de Steve puissent manifester sereinement".

"Mais nous ne voulons pas que se greffe sur cette démarche d'émotion une catégorie d'individus (...) qui ont fait savoir qu'ils viendraient perturber cet état d'esprit", a-t-il dit. "Nous aurons les moyens de faire face à ces fauteurs de trouble - le gouvernement et le ministre de l'Intérieur nous a donné ce dont nous avons besoin."

Le dispositif sera comparable à celui mis en oeuvre lors des samedis de manifestations des Gilets jaunes. L'accès à une grande partie du centre-ville sera limité de 10h00 à 20h00.

"Si certains veulent semer la violence, à Nantes ou ailleurs, et récupérer cet événement, c'est insupportable", a dit le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'une visite à l'aéroport parisien d'Orly.

Il a invité "au respect de la souffrance des parents, au respect de la souffrance et de l'émotion légitime de ceux qui se posent des questions".

Disant craindre les violences de la mouvance anarchiste et des black blocs, la préfecture a pris des arrêtés interdisant notamment le port "d'objets pouvant constituer une arme".

Christophe Castaner a répété que des questions restaient sans réponse après les conclusions de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur l'intervention policière lors de la Fête de la musique.

Selon l'IGPN, l'usage de la force, avec des lancers de grenades et des tirs de lanceur de balle de défense (LBD) "était justifié et n'est pas apparu disproportionné" et "aucun élément ne (permet) d'établir un lien direct entre l'intervention des forces de l'ordre et la disparition de Steve Maïa Caniço".

Les deux juges d'instruction saisis dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire contre X du chef d'homicide involontaire ont demandé le dépaysement du dossier, a annoncé le procureur général près la cour d'appel de Rennes, confirmant une information de Libération.

"La poursuite des investigations va nécessiter de rechercher toutes les responsabilités dans la mort du jeune homme et donc, potentiellement, celles de partenaires institutionnels habituels du tribunal de grande instance de Nantes", écrit le procureur Jean-François Thony dans un communiqué.

"Le dépaysement du dossier vise à garantir la sérénité de l'information judiciaire et l'impartialité objective de la juridiction saisie", ajoute-t-il, en précisant avoir saisi la Cour de cassation d'une requête en dépaysement. (Danielle Rouquié, Yann Le Guernigou et Jean-Baptiste Vey, avec Pierre-Henri Allain à Rennes)