(Actualisé avec député PS Razzy Hammadi)

PARIS, 20 août (Reuters) - Manuel Valls tente de relancer le débat sur la politique migratoire de la France et l'un des ses piliers, le regroupement familial, une initiative critiquée au sein du gouvernement et à sa gauche.

La pertinence d'un débat sur le regroupement familial a été contestée mardi notamment par la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, mais aussi par le député PS Razzy Hammadi, le Parti communiste et un ancien président de SOS-racisme.

Durant le séminaire de rentrée du gouvernement consacré lundi à la politique d'avenir de la France, Manuel Valls aurait provoqué un froid par ses propos concernant la politique d'immigration, notamment le regroupement familial, écrit mardi le quotidien Le Parisien.

Interrogé mardi sur RMC et BFMTV, le ministre de l'Intérieur a paru agacé que son opinion ait été rapportée publiquement mais a de nouveau abordé ce thème.

"Il faut rebâtir un partenariat avec l'Afrique notamment sur la question migratoire", a dit Manuel Valls, confirmant implicitement certaines des déclarations que lui attribue Le Parisien.

"C'est l'ensemble de nos politiques migratoires qui devront être questionnées pour la France, pour l'Europe et notamment le bassin méditerranéen et toutes les questions seront posées et j'ai dit, parmi d'autres, la question du regroupement familial peut être posée", a-t-il ajouté.

Un point de vue que ne partage pas Marisol Touraine. "Je crois que nous devons rappeler que nous sommes dans un cadre républicain et que ce cadre républicain doit être réaffirmé", a-t-elle dit sur France 2

"Pour ma part, je ne crois pas que la mise en cause du regroupement familial serait une manière de faire vivre notre cadre républicain", a ajouté la ministre des Affaires sociales.

"ORIENTATION FUNESTE"

Manuel Valls "ne rend pas service à la gauche en mettant au centre de la rentrée les questions de l'immigration, du voile à l'université ou de la compatibilité de l'islam avec la démocratie", estime le député de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi.

"Et je ne parle même pas de sa volonté de faire désavouer la garde des Sceaux", Christiane Taubira sur la réforme pénale, ajoute-t-il dans Le Figaro, à paraître mercredi.

Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste, voit pour sa part dans les propos de Manuel Valls "une orientation funeste et catastrophique pour tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de gauche".

Dominique Sopo, ancien président de SOS-racisme et membre du conseil national du PS, s'inquiète de propos "d'une extrême gravité en ce qu'ils remettent en cause, sur la base de fantasmes habituellement délivrés par une partie de la droite, un fondement essentiel à une politique migratoire humaniste."

"Ces dernières années, la gauche avait su souligner son indignation lorsque, sous l'effet du populisme migratoire de Nicolas Sarkozy, ce dernier avait remis en cause à plusieurs reprises le regroupement familial, que ce soit par le durcissement des conditions de ressources et d'habitat ou par la très indigne tentative d'instaurer en 2007 des tests ADN", rappelle-t-il dans un communiqué.

Selon Le Parisien, Manuel Valls aurait également heurté certains de ses collègues en posant lundi la question de la compatibilité de l'islam avec la démocratie.

Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a volé mardi au secours de Manuel Valls qui, selon lui, a dit précisément l'inverse.

"Quand je lis que certains disent que Manuel Valls aurait laissé planer un doute sur le fait que l'islam soit compatible avec la République, pas du tout, ce qu'il a dit, c'est exactement le contraire, il a dit : nous allons montrer, nous sommes en train de montrer que l'islam est compatible avec la République. Ne nous faisons pas de faux procès", a dit Pierre Moscovici sur France Inter. (Capucine Fachot-Charbonneau, avec Gérard Bon, édité par Patrick Vignal)