* Les bureaux de vote ont ouvert

* Deux places au second tour pour Juppé, Sarkozy et Fillon

* L'issue du premier tour dépend de la participation

* Résultats prévus dans la soirée

PARIS, 20 novembre (Reuters) - Les électeurs de la droite et du centre, appelés pour la première fois en France à choisir leur candidat à la présidentielle, ont commencé dimanche à se rendre dans les quelque 10.000 bureaux de vote pour un premier tour à suspense.

L'ex-président Nicolas Sarkozy et les deux anciens Premiers ministres Alain Juppé et François Fillon semblent avoir des chances équivalentes d'accéder au second tour de cette primaire, dimanche prochain, mais seules deux places sont en jeu.

Le duel annoncé depuis des mois par les instituts de sondage entre Alain Juppé, qui survolait le classement depuis deux ans, et Nicolas Sarkozy, revenu à la tête de l'ex-UMP pour préparer la revanche de 2012, s'est mué en tiercé dans la dernière ligne droite avec la soudaine embellie de François Fillon.

L'ordre d'arrivée du trio, face à quatre "outsiders" relégués à l'arrière-plan (Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson), reste une inconnue tant les chiffres des intentions de vote se sont resserrés dans les ultime jours de la campagne.

Selon la dernière étude d'Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, publiée vendredi soir, François Fillon dépasse pour la première fois ses deux rivaux, avec 30% des intentions de vote, contre 29% à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

Le caractère inédit de l'exercice, un "objet électoral non identifié" de l'avis des sondeurs, laisse tous les scénarios ouverts et il faudra attendre les résultats, donnés en théorie dimanche soir par les organisateurs, pour savoir lequel de trois favoris devra faire une croix sur ses ambitions.

Le corps électoral demeure la première incertitude du scrutin, qui se déroule de 08h00 à 19h00 dans 10.228 bureaux, mais s'est tenu samedi en Guyane, en Guadeloupe ou en Martinique.

Seul indice pour l'heure : 56.531 expatriés se sont inscrits pour le vote par voie électronique, contre 7.000 pour la primaire socialiste de 2011 où 2,6 millions d'électeurs s'étaient déplacés au premier tour et 2,8 millions au second.

VAINQUEUR POTENTIEL

L'issue du premier tour dépendra du degré de mobilisation de chaque camp. A cette aune, le pari d'Alain Juppé, qui s'est positionné sur le créneau du rassemblement, des "déçus du hollandisme" à ceux du Front national, en passant par les centristes de l'UDI et du MoDem, paraît le plus risqué.

Nicolas Sarkozy, candidat autoproclamé de "la majorité silencieuse", a quant à lui appliqué sans relâche la stratégie du clivage, galvanisant sa base militante et tablant sur une participation mesurée, de l'ordre de 2,5 millions d'électeurs.

François Fillon, qui se revendique d'une ligne radicale thatchérienne, aura creusé son sillon dès 2013, suscitant un intérêt poli au fil d'un tour de France loin des médias où il aura inlassablement défendu son "programme de rupture", stagnant autour de 10% d'intentions de vote.

Les sondages dont il s'est toujours défié l'ont soudainement promu au rang de vainqueur potentiel, confortant sa stratégie au long cours, faite de "sérieux" et de "droiture" selon ses mots.

Cette dynamique nouvelle dont bénéficie le héraut d'une droite provinciale, libérale sur le terrain économique, conservatrice sur les sujets de société, "peut créer les conditions d'une surprise", dit Yves-Marie Cann (Elabe).

Tenant du "renouveau", l'ancien ministre Bruno Le Maire, 47 ans, trublion de l'élection à la présidence de l'UMP en 2014, a chuté brutalement du rôle envié de "troisième homme" après ses prestations lors des trois débats télévisés.

C'est Nathalie Kosciusko-Morizet, seule femme candidate, qui a relevé le pari de la modernité sur un ton frondeur, avançant des mesures iconoclastes face à "la revanche" (Sarkozy), "la nostalgie" (Juppé) et "la déprime" (Fillon).

Jean-François Copé, revenu du purgatoire judiciaire de l'affaire Bygmalion mais condamné à des scores confidentiels au côté de l'inconnu Jean-Frédéric Poisson, a défendu son projet de "droite décomplexée" tout en multipliant les attaques contre Nicolas Sarkozy, devenu l'ennemi numéro un. (Sophie Louet et Simon Carraud)