PARIS, 1er août (Reuters) - L'Assemblée nationale a définitivement adopté mercredi le texte sur les violences sexuelles et sexistes, prévoyant notamment la verbalisation du harcèlement de rue, après plusieurs mois de débats au Parlement et dans la société sur ces questions particulièrement sensibles depuis l'affaire Weinstein.

Au lendemain d'un vote au Sénat, les députés ont clos le processus législatif, avec 92 voix en faveur de la version rédigée en commission mixte paritaire sur 100 votants. Aucun député n'a voté contre.

En plus de la verbalisation du harcèlement sexuel dans l'espace public, le texte défendu par la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa prévoit l'allongement de 20 à 30 ans du délai de prescription pour les viols sur mineurs et comporte des mesures contre le cyberharcèlement.

C'est "un projet ferme, équilibré et assurément bien plus protecteur de la législation actuelle", a déclaré Marlène Schiappa, chargée au sein du gouvernement de l'Egalité entre les femmes et les hommes, rappelant au passage qu'Emmanuel Macron avait érigé le sujet en "grande cause nationale" du quinquennat.

Mais, pour Clémentine Autain (La France insoumise), la version finale est "misérable vis-à-vis des enjeux".

"Il n'y a pas (...) dans ce texte de vision globale. S'il y a du viol, s'il y a du harcèlement et s'il y a des agressions sexuelles, c'est parce que nous vivons dans une société où la domination masculine reste prégnante", a-t-elle jugé.

Et, a poursuivi la députée, "il n'y a pas non plus d'inversion de charge de la preuve dans le cas des jugements de viols sur mineurs".

Premier groupe d'opposition, Les Républicains (LR) ont approuvé le projet de loi tout en déplorant également, par la voix d'Emmanuelle Anthoine, son "manque d'ambition".

Le sujet a émergé dans l'actualité en fin d'année dernière avec l'affaire Weinstein, du nom d'un magnat d'Hollywood accusé d'agression par des dizaines de femmes, à l'origine d'un vaste mouvement de libération de la parole des victimes.

Des images publiées sur internet montrant l'agression d'une femme en plein Paris ont remis le phénomène en lumière la semaine dernière. (Simon Carraud, édité par Caroline Pailliez)