* Les socialistes se retrouvent avec "bonheur" et "gravité"

* Ils marqueront un soutien fort au gouvernement

par Gérard Bon

PARIS, 22 août (Reuters) - Trois mois après la victoire à l'élection présidentielle, les socialistes français se retrouvent vendredi à l'université d'été de La Rochelle avec le sentiment du devoir accompli et le souci de serrer les rangs derrière le gouvernement, confronté à une rentrée difficile.

Militants et élus doivent s'adapter à la nouvelle donne après dix ans d'opposition et oeuvrer à la "réussite du changement", au moment où des impatiences s'expriment à gauche.

Les socialistes vont se trouver "avec bonheur, mais aussi avec gravité, tant la situation aujourd'hui est difficile", a prévenu David Assouline, le porte-parole du PS, lors de son point de presse hebdomadaire.

"Notre université d'été va être marquée par l'affirmation d'un soutien fort du Parti socialiste à l'action du gouvernement", a-t-il ajouté.

Près de 4.500 militants et élus sont attendus à La Rochelle, en Charente-Maritime. Presque tout le gouvernement sera présent, plusieurs ministres animant rencontres "plénières" et "ateliers".

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault débattra pour sa part samedi de la jeunesse à l'invitation des jeunes socialistes du MJS.

Ce grand rendez-vous sera marqué, en revanche, par l'absence de Ségolène Royal, qui se rend en Afrique du Sud au congrès de l'internationale socialiste.

Battue à La Rochelle aux législatives de juin par le dissident PS Olivier Falorni, qui a reçu un tweet de soutien de la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, la candidate à la présidentielle de 2007 a pris du recul.

"Vous voyez bien que je ne m'éloigne pas des socialistes puisque je vais les représenter tous à ce congrès", a-t-elle cependant précisé mardi lors d'un déplacement à Poitiers (Vienne), en compagnie de la ministre du Logement Cécile Duflot.

En dépit de ce psychodrame, les dirigeants du PS avaient décidé fin juin de maintenir leur rassemblement à La Rochelle.

"AGIR SANS PRÉCIPITATION"

Même si certains dirigeants socialistes qualifient de "sans faute" les 100 premiers jours de la présidence de François Hollande, économie en berne, plans sociaux et incertitudes européennes pèsent sur la rentrée du gouvernement. (Voir )

L'opposition de droite ne s'est pas privée au coeur de l'été d'attaquer François Hollande et son gouvernement sur leur inertie supposée, en particulier sur le dossier syrien.

Mais la charge la plus rude est venue de Jean-Luc Mélenchon, l'ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle dénonçant le "presque rien" du début du quinquennat et tendant la main à l'aile gauche du PS pour faire pression sur l'exécutif.

Deux ministres, Arnaud Montebourg et Marisol Touraine, lui ont répondu que le changement ne se faisait pas en cent jours et qu'il restait "1.800 jours d'une présidence de gauche, 1.800 jours d'un gouvernement de gauche".

David Assouline a souligné que le chef de l'Etat et son gouvernement voulaient "agir vite mais sans précipitation, de façon maîtrisée et déterminée" à la différence, selon lui, de l'ère Sarkozy.

La première secrétaire Martine Aubry, qui doit clore dimanche cette réunion de famille, n'a pas encore confirmé définitivement sa décision de quitter la direction du parti lors du congrès d'octobre, à Toulouse.

"Si tout se passe comme je le souhaite, je ne serai plus première secrétaire du Parti socialiste", a-t-elle dit le 17 août, laissant entendre qu'elle voulait laisser une équipe rajeunie et en ordre de marche.

"Personne ne décidera à sa place. C'est elle qui fixera le terme s'il doit y avoir un terme et les conditions s'il doit y avoir des conditions", dit le ministre du Travail Michel Sapin dans le figaro, paru mercredi.

"Elle ne restera pas contre sa volonté et ne partira pas sans qu'elle l'ait décidé", ajoute-t-il.

Martine Aubry avait créé la surprise le mois dernier en présentant une contribution commune avec Jean-Marc Ayrault en vue du congrès, au risque de paraître vouloir verrouiller le débat et le processus de succession.

Le duo Ayrault-Aubry s'est réjoui de voir que leur texte de "rassemblement" avait été signé par la quasi totalité des écuries ministérielles et des dirigeants.

Mais Benoît Hamon, ministre de l'Economie solidaire, et l'aile gauche du PS, remontés contre le traité européen de stabilité budgétaire, doivent dire d'ici au 12 septembre s'ils déposeront une motion face à celle de l'axe majoritaire. (avec Claude Canellas à Poitiers, édité par Patrick Vignal)