PARIS, 9 juillet (Reuters) - Arrivé en tête du second tour des élections législatives, le Nouveau Front populaire (NFP) ne parvenait toujours pas mardi à s'entendre sur un nom susceptible de remplacer à Matignon Gabriel Attal, dont la démission a été refusée lundi par Emmanuel Macron, et réclamait du temps pour s'organiser.

Première composante de cet ensemble morcelé, La France Insoumise (LFI) semble persister à vouloir choisir dans ses rangs celui ou celle qui sera proposé pour entrer à Matignon, mais ses alliés socialistes, écologistes et communistes n'entendent pas se faire dicter leur choix, à plus forte raison s'il s'agissait de Jean-Luc Mélenchon.

Plus clivant que jamais, l'ancien candidat à l'élection présidentielle agit comme un repoussoir chez beaucoup d'élus de gauche qui souhaitent voir émerger une personnalité au profil plus rassembleur.

Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a réitéré mardi sur Europe 1 et CNews le discours sans cesse répété selon lequel Jean-Luc Mélenchon, qui disait déjà au mois de juin qu'il ne s'imposait ni ne s'éliminait de la course à Matignon, "faisait partie des options possibles pour être Premier ministre du Nouveau Front populaire".

Combattue tout au long de la brève campagne des législatives par les autres forces de gauche, l'hypothèse Mélenchon, comme celle d'un choix forcément issu de LFI, soulevait ce mardi encore l'opposition des cadres socialistes, écologistes ou anciens membres de LFI.

"Jean-Luc Mélenchon n'est pas celui qui dirigera le gouvernement du Front populaire (...) Ce n'est pas un scoop ce matin mais je peux vous le confirmer", a déclaré mardi sur France 2 la maire de Nantes et première secrétaire déléguée du Parti socialiste, Johanna Rolland.

"Il y a des discussions en permanence. Il y en avait eu la nuit d'avant très très longues, et hier soir tout le monde a repris un peu d'énergie (...) Les discussions vont se poursuivre (...) ça peut durer un peu donc c'est une course de longueur dans laquelle nous sommes engagés. (...) C'est le temps de faire les choses bien, c'est ce qu'on doit aux Françaises et aux Français", a-t-elle ajouté.

"NOUS VOULONS GOUVERNER"

Cité parmi les possibles candidats à Matignon, le député PS Boris Vallaud a aussi défendu de prendre du temps pour constituer un gouvernement.

"Accordez-nous de ne pas le faire en 6 heures ou en 6 jours", a-t-il dit à Reuters depuis l'Assemblée nationale, avant une réunion dans l'après-midi des députés socialistes, dont l'ancien président François Hollande, élu en Corrèze.

"Nous ne sommes pas en train de distribuer des postes, les Français nous en voudraient. Nous sommes en train de trouver les voies et moyens de changer la vie des Français dans six mois, dans un an. Est ce que c'est simple, 'non', est ce que c'est nécessaire, 'oui'", a-t-il dit.

"L'incarnation viendra en temps et en heure", a-t-il ajouté.

Mais d'ores et déjà, les intérêts pour Matignon s'aiguisent. S'exprimant devant l'Assemblée nationale, le secrétaire général du PS, Olivier Faure, s'est dit "prêt à assumer la fonction" de Premier ministre, à condition que ce choix se fasse "dans le dialogue" avec les membres du NFP.

Plus tôt dans la journée, Boris Vallaud avait assuré sur France Inter que les socialistes avaient la "légitimité" pour avoir un candidat au poste de Premier ministre, évoquant entre 65 et 70 députés socialistes au Palais Bourbon, contre environ 70 pour LFI. "Ça peut être en effet une ou un socialiste."

Des propos partagés par le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, qui a estimé mardi sur franceinfo qu'il "n'y a aucune raison que ce soit un insoumis plus qu'un autre".

"Il faut une force tranquille (...) Je pense qu'il faut un socialiste pour gouverner ce pays."

S'exprimant lors de l'arrivée à l'Assemblée nationale du groupe LFI, Mathilde Panot, élue du Val-de-Marne et ancienne présidente de groupe, n'a pas évoqué de nom précis, tout en renouvelant son appel à ce que le président de la République "respecte le vote populaire en choisissant de nommer un Premier ministre ou une Première ministre qui serait issu du NFP".

"Excusez-nous d'avoir besoin de travail, nous voulons gouverner ce pays, donc nous sommes en train de travailler sérieusement pour dire qui serait candidat à la primature."

"D'ici la fin de la semaine, nous proposerons une équipe gouvernementale", a-t-elle assuré. (Rédigé par Nicolas Delame, édité par Blandine Hénault)