PARIS, 25 mars (Reuters) - L'aile gauche de la majorité, de la gauche du PS jusqu'au Front de gauche en passant par Europe Ecologie-Les Verts, a exprimé lundi sa volonté de tenter de modifier le projet de loi transposant l'accord sur la sécurisation de l'emploi, qu'elle juge par trop déséquilibré en faveur du patronat.

Les députés entament cette semaine en commission l'examen de ce texte issu de l'accord conclu le 21 janvier qui va dans le sens d'une plus grande sécurisation du parcours professionnel des salariés tout en donnant aux entreprises plus de flexibilité pour s'adapter aux aléas conjoncturels.

Le gouvernement a pressé à plusieurs reprises sa majorité de ne pas porter atteinte à l'équilibre de cet accord signé par le patronat et trois syndicats - la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC - mais violemment rejeté par la CGT et Force Ouvrière, dont les arguments ont trouvé des échos à la "gauche de la gauche".

"Cet accord nous paraît globalement déséquilibré, le Parlement doit l'améliorer", a déclaré la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, lors d'un colloque intitulé "Assemblée des gauches et des écologistes sur les droits des travailleurs et la démocratie sociale".

"Le compte n'y est pas réellement", a ajouté l'animatrice du club Gauche avenir. "C'est un faux deal entre flexibilité et sécurité".

Le député communiste André Chassaigne, qui préside le groupe Front de gauche de la chambre basse, a estimé pour sa part que "le rôle de l'Assemblée n'est pas de se limiter à retranscrire dans la loi un accord qui a été dicté de fait par le Medef" et que les élus de la République ne pouvaient "être les démolisseurs du code du travail."

Il a confirmé que son groupe présenterait "des centaines" d'amendements lors de son examen mardi et mercredi par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée.

EELV, réuni samedi à Paris, a demandé à ses parlementaires, députés et sénateurs, "d'amender et d'améliorer" le projet de loi présenté par le gouvernement, ce qu'a confirmé Jean-Vincent Placé, président du groupe parlementaire écologiste au Sénat, en dénonçant lui aussi un texte "déséquilibré."

Les velléités des adversaires du projet de loi devraient se heurter à la majorité du groupe PS de l'Assemblée mais également de plusieurs élus UMP ou centristes comme Bernard Accoyer (UMP).

Le président du groupe UMP du Palais-Bourbon, Christian Jacob, a laissé entendre que ses troupes pourraient le voter sous certaines conditions.

Les députés examineront ce projet de loi en séance publique du 2 au 5 avril, l'Assemblée devant se prononcer le 9 avril par un vote solennel sur l'ensemble du texte que le Sénat débattra à son tour à partir du 17 avril. (Emile Picy, édité par Yann Le Guernigou)