(Répétition mastic, § 12)

* Contraire à l'esprit du mouvement, dit la CFDT cheminots

* Une décision "pas simple à prendre", selon Laurent Berger

* L'Unsa déplore une décision sans concertations

* La CGT veut prolonger la grève après le 28 juin

PARIS, 12 juin (Reuters) - La CFDT cheminots a réclamé mardi une trêve de la grève intermittente pendant la semaine du baccalauréat pour éviter de pénaliser les jeunes des banlieues.

"Nous formalisons un mot d'ordre de faire rouler les trains du quotidien pendant la période du bac", a déclaré à Reuters le secrétaire général adjoint Sébastien Mariani.

"Les jeunes qui prennent le train pour le bac viennent souvent de milieux plus défavorisés. On ne voudrait pas les pénaliser, ce serait contraire avec l'esprit de notre mouvement. Nous souhaitons l'amélioration du service public".

Il précise que cette décision ne signifie pas pour autant que la fédération se retire de la grève commencée le 3 avril dernier qui vise à dénoncer la réforme du système ferroviaire.

Il faudrait pour cela tenir compte de la réunion tripartite de vendredi qui doit réunir syndicats, patronat et gouvernement pour discuter de la future convention collective du secteur, dit-il.

Pour le secrétaire général de la confédération, Laurent Berger, cette décision "n'est pas simple à prendre" mais elle doit être envisagée comme "un geste de responsabilité qui porte la volonté de la CFDT de trouver des solutions".

Cette trêve concernerait les dates du lundi 18 et vendredi 22 juin. La grève doit s'échelonner jusqu'au 28 juin. Il resterait donc plus qu'un épisode complet de débrayage les 27 et 28 juin, horizon sur lequel les syndicats sont pour le moment calés pour la fin de la grève.

La CFDT représente 30% des conducteurs de train, selon Sébastien Mariani. Ce mot d'ordre aurait donc un impact significatif sur le trafic ferroviaire, ajoute-t-il.

L'Unsa ferroviaire déplore que la CFDT ait pris une décision sans concertation. Son secrétaire général, Roger Dillenseger, avait déclaré lundi avoir proposé une trêve aux autres syndicats lors de la dernière rencontre intersyndicale mais que cette proposition avait été rejetée.

UNE PARTICIPATION DE 17,63%

Une nouvelle interfédérale - CGT, Unsa, CFDT et Sud-rail - est prévue mercredi à partir de 14h30, une réunion qui s'annonce "électrique", précise-t-on à l'Unsa.

Dans un communiqué, la CGT a annoncé qu'elle proposerait de renforcer la grève sur le calendrier unitaire défini et de nouvelles dates de mobilisation au-delà du 28 juin.

L'exécutif a lancé plusieurs appels ce mardi pour que les cheminots ne perturbent pas le bac. "Ces épreuves suscitent (...) beaucoup d'attentes et beaucoup d'inquiétudes", a déclaré le Premier ministre, Edouard Philippe, à l'Assemblée nationale.

"Les organisations syndicales qui appellent, alors même que la loi aura été adoptée, à poursuivre la protestation doivent mesurer leur responsabilité".

La ministre des Transports, Elisabeth Borne avait lancé le même message en matinée sur franceinfo.

Les syndicats de cheminots organisaient par ailleurs ce mardi une "journée de colère cheminote", une façon de mettre une pression supplémentaire en prévision de la réunion tripartite de vendredi.

Mais la participation était plus faible par rapport à la précédente mobilisation du même genre, le 14 mai, mais en hausse par rapport à la dernière journée de grève, vendredi 8 juin.

Selon les chiffres communiqués par la SNCF, le taux de grévistes s'élevait globalement à 17,63%, contre 13,68% le 8 juin et 27,58% le 14 mai. Chez les conducteurs, la participation était mardi de 53,4%, contre 49,2% le 8 juin et 74,4% le 14 mai.

Selon Laurent Berger, la situation "commence à devenir difficile" pour les grévistes, mais il ne consent pas à plier sans concession. "Il faut que la tripartite et les discussions avec la SNCF permettent de répondre à un certain nombre de préoccupations", a-t-il dit. Une nouvelle intersyndicale est prévue mercredi. (Caroline Pailliez, avec Arthur Connan édité par Yves Clarisse)