PARIS, 16 octobre (Reuters) - L'opposition de gauche au gouvernement français manifeste ce dimanche à Paris dans le cadre d'une "marche contre la vie chère et l'inaction climatique", en plein débat parlementaire sur le budget et deux jours avant une grève annoncée dans de nombreux secteurs d'activité, dont les transports, pour des augmentations de salaires.

Les organisateurs de cette marche, au premier rang desquels La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon mais aussi des syndicalistes et des organisations non gouvernementales, accusent le gouvernement d'Elisabeth Borne de ne pas agir suffisamment pour protéger les Français contre l'inflation. Ils dénoncent aussi la réforme de l'assurance chômage et le projet de réforme des retraites.

Pour François Ruffin, député LFI de la Somme, cette manifestation doit représenter la première étape d'une contestation plus vaste contre la politique du gouvernement.

"C'est une remise en route", a-t-il dit lors de l'émission "Questions politiques" de France Inter, France Télévisions et Le Monde. "On peut avoir des gens, y compris des militants, qui peuvent être découragés, frappés de résignation et là il s'agit de remettre de l'ardeur dans les coeurs pour qu'ensuite ça s'étende."

"C'est comme une marche dans un escalier (...) il faut la monter, puis il y aura une deuxième marche à monter (...) pour qu'il y ait un rapport de force qui se construise" face au gouvernement, a ajouté l'élu picard.

Cette marche intervient deux jours avant une grève interprofessionnelle susceptible de perturber de nombreux secteurs d'activités, notamment les transports publics, alors que plus d'un quart des stations-service en France continuent de subir des pénuries d'au moins un type de carburant en raison du blocage de certains dépôts et raffineries par des grévistes emmenés par la CGT.

Pour le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, la manifestation de ce dimanche est une "marche des partisans du blocage" et le symbole d'une "cégétisation du débat politique".

"Il y a (...) un souhait d'instrumentalisation de la part de formations politiques qui, elles, souhaiteraient que le pays soit bloqué. La marche d'aujourd'hui, c'est quand même une marche des partisans du blocage du pays", a-t-il dit sur Europe 1.

Gabriel Attal a en outre laissé entendre que le gouvernement, qui ne dispose pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, utiliserait dès cette semaine pour son projet de budget pour 2023 l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote sauf en cas de motion de censure votée par les députés.

Réfutant tout "passage en force", Gabriel Attal a rappelé que les débats sur la première partie du projet de loi de Finances à l'Assemblée nationale étaient prévus jusqu'à ce mercredi seulement.

"Le 49.3, ce n'est pas un moment de brutalité, c'est un moment de vérité. C'est un moment où les parlementaires seront mis devant leurs responsabilités et décideront s'ils veulent s'opposer à l'adoption de ce budget ou pas en faisant tomber le gouvernement", a-t-il dit. (Rédigé par Bertrand Boucey)