BARCELONE (Reuters) - Les socialistes du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, ont terminé dimanche en tête des élections régionales en Catalogne, infligeant un revers aux indépendantistes qui dirigeaient la région depuis une décennie et douchant les rêves séparatistes entretenus par certains.

Après dépouillement de plus de 99% des bulletins de vote, le PSOE, dont le chef de file en Catalogne est Salvador Illa, a obtenu 42 des 135 sièges du Parlement régional.

Le parti séparatiste Junts per Catalunya est deuxième du scrutin, avec 35 sièges, devant le parti indépendantiste actuellement au pouvoir, Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), victorieux de 20 sièges.

Pour sa part, le Parti populaire (PP, droite) a enregistré la plus forte progression par rapport au précédent vote en 2021, obtenant 15 sièges, contre trois actuellement.

Le taux de participation a été relativement faible (58%).

Ces résultats menacent l'hégémonie des indépendantistes sur la région du nord-est de l'Espagne, marquée par le référendum d'autodétermination de 2017 et par une déclaration illégale d'indépendance, autant qu'ils semblent conforter les efforts entrepris par Pedro Sanchez pour normaliser les relations entre Madrid et Barcelone.

Le dirigeant socialiste s'est maintenu au pouvoir avec l'appui d'une partie des formations indépendantistes, accordant en échange des amnisties controversées pour des accusations en lien avec les événements de 2017.

Au pouvoir en Catalogne depuis le précédent scrutin, l'ERC a perdu 13 sièges dimanche. Même une alliance avec Junts, le parti d'extrême gauche CUP et le parti d'extrême Alianca Catalana, ne suffirait pas à l'ERC pour disposer d'une majorité parlementaire de 68 sièges et former une coalition gouvernementale.

Il faudra aux socialistes conclure un accord de coalition s'ils veulent pouvoir diriger la Catalogne. Jusqu'à présent, les formations indépendantistes ont rejeté l'hypothèse d'une quelconque alliance avec le parti au pouvoir à Madrid.

Reste pour Salvador Illa la possibilité de sceller une alliance peu orthodoxe avec le parti d'extrême gauche Sumar, son partenaire de coalition au sein du gouvernement national, le PP et Vox - bien que les socialistes répètent de longue date ne pas vouloir négocier avec l'extrême droite.

Si les négociations sur la formation d'une coalition n'aboutissent pas d'ici le mois d'août, un nouveau scrutin sera organisé en octobre prochain.

(Joan Faus, avec Belén Carreño, Alejandra Angulo et Graham Keeley; version française Jean Terzian)

par Joan Faus