PARIS, 9 janvier (Reuters) - Les créations d'emplois et les perspectives de croissance ne permettent pas en l'état d'envisager un recul du chômage, a estimé samedi la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui mise sur la formation des chômeurs les moins qualifiés.

Le chef de l'Etat, François Hollande, qui a subordonné sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 à une baisse du chômage toujours pas en vue, a annoncé lors de ses voeux aux Français un plan massif de formation des demandeurs d'emploi.

A ce stade, Myriam El Khomri s'est dite incapable, sur France Inter, de prédire si cette baisse serait au rendez-vous en 2016 : "Je ne suis ni la ministre des statistiques mensuelles ni celle des pronostics", a-t-elle dit.

Pour la première fois depuis plusieurs années, près de 40.000 emplois ont certes été créés en 2015, ce qui est un signe de reprise de l'activité économique, a-t-elle expliqué. Mais "cette reprise est encore timide".

"Tous les ans vous avez à peu près 700.000 départs en retraite et entre 800.000 et 850.000 entrées sur le marché du travail", a-t-elle poursuivi. "Avec 40.000 créations d'emplois, ce n'est pas suffisant pour faire reculer le chômage."

La croissance de 1,5% du PIB français, sur laquelle le gouvernement mise en 2016, ne sera pas non plus suffisante à elle seule à réduire le chômage, en particulier des personnes peu ou pas qualifiées, qui constituent le gros des demandeurs d'emploi en France, a ajouté la ministre du Travail.

"Près de deux millions de demandeurs d'emploi n'ont pas le niveau bac, près de 680.000 demandeurs d'emploi ont un niveau inférieur au CAP", a-t-elle souligné. "Il y aura des créations d'emploi en 2016 mais elles ne bénéficieront pas aux personnes les moins qualifiées."

D'où l'annonce le 31 décembre par François Hollande d'un plan de formation de 500.000 chômeurs et de développement de l'apprentissage, assorti de nouvelles aides à l'embauche pour les PME, que le chef de l'Etat doit détailler le 18 janvier.

"Quand l'Allemagne forme deux demandeurs d'emploi sur dix nous c'est un sur dix, l'Autriche c'est quatre sur dix", a souligné la ministre du Travail sur France Inter.

Le gouvernement français souhaite donc amplifier la formation des demandeurs d'emploi peu ou pas qualifiés dans les métiers liés à la transition énergétique, à l'économie numérique, aux services à la personne et dans les secteurs où de nombreux emplois ne sont pas pourvus, a-t-elle précisé.

"Ce que nous envisageons, à travers ce plan, c'est à la fois soutenir la création d'emplois avec des aides en direction des très petites entreprises et des PME et en même temps qualifier les personnes bassin d'emploi par bassin d'emploi, selon les besoins de ces bassins d'emploi", a ajouté Myriam El Khomri.

Ce plan sera au menu des entretiens que le Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre du Travail, auront lundi avec les dirigeants des principales organisations syndicales et patronales. (Emmanuel Jarry)