PARIS, 4 septembre (Reuters) - Le nouveau ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a promis mardi d'"agir dans le temps" pour réconcilier l'économie et l'écologie, tout en s'appuyant sur l'"acquis" de son prédécesseur, Nicolas Hulot, qui a jeté l'éponge la semaine dernière après seulement 15 mois au gouvernement.

Il a déclaré avoir accepté d'abandonner le siège protégé de président de l'Assemblée nationale pour le poste inconfortable laissé par l'ancien animateur de télévision, par conviction que "l'urgence écologique est un appel à l'urgence d'agir".

"Je suis ici pour agir pour l'écologie avec méthode, détermination et persévérance, dans le temps", a-t-il poursuivi lors d'une passation de pouvoirs empreinte d'émotion. "J'entends bien que l'on puisse faire marcher main dans la main l'économie et l'écologie."

Il a dit sa conviction que "le progrès c'est l'écologie" et assuré qu'il n'était pas là pour prolonger le statu quo.

"Les défenseurs du statu quo ne voient sans doute pas mon arrivée dans ce ministère d'un bon oeil", a souligné l'ancien responsable écologiste. "Je leur dit clairement que je serai toujours à l'écoute des contraintes réelles, économiques, sociales, techniques, mais que ne je ne dévierai pas de la voie de la transformation écologique voulue par les Français lors des élections de l'an dernier."

"Quand quelque chose marche en matière d'écologie, je veux le poursuivre et l'amplifier (...) et donc je m'appuierai sur ces acquis précieux que tu as gagnés pendant les 15 mois où tu as exercé cette fonction", a ajouté François de Rugy à l'adresse de Nicolas Hulot.

Il a promis que sa méthode serait fondée sur le dialogue et la recherche de solutions partagées mais également "sur la décision" : "Négocier des étapes, oui, parfois, mais avancer toujours, telle sera ma méthode."

Nicolas Hulot avait expliqué il y a une semaine sa démission en direct sur France Inter par le refus de continuer à cautionner une politique des "petits pas" insuffisante à ses yeux face aux enjeux du climat et de la biodiversité.

Avant de passer la parole à son successeur, parfois au bord des larmes, il a de nouveau émis mardi l'espoir que son départ déclenche une prise de conscience.

"J'ai le coeur qui est triste, j'ai l'esprit libre et j'ai la conscience tranquille", a-t-il déclaré devant la petite foule de ses ex-collaborateurs. "Je m'éloigne mais je ne vous abandonne pas. Mon geste est fait pour vous servir, il est fait aussi pour servir mon successeur."

"Je n'ai pas réussi en l'état à combler cette faille entre deux cultures (...), l'économie et l'écologie", a admis Nicolas Hulot. "Mais ce n'est pas une fatalité." (Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)