* Bartolone et Montebourg à un colloque de la gauche du PS

* La confrontation avec l'Allemagne est nécessaire, dit Bartolone

* Hollande avait pourtant calmé le jeu

PARIS, 11 juin (Reuters) - Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a réitéré mardi son appel à un "confrontation" avec l'Allemagne qu'il juge responsable des politiques d'austérité dans l'Union européenne, malgré la volonté de l'exécutif de calmer le jeu.

Le quatrième personnage de l'Etat s'exprimait en présence du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg lors d'un colloque organisé à l'Assemblée par la Gauche populaire, un club créé par des députés socialistes.

Ces propos risquent de rallumer les tensions internes au PS à quelques jours d'une convention sur l'Europe où les ailes gauche et droite du PS prôneront des visions divergentes, un an avant des élections européennes pour lesquelles un sondage annonce un score égal pour l'UMP, le PS et le Front national.

Claude Bartolone a estimé que "la première réponse à apporter" pour éviter que l'extrême droite et la droite triomphent l'an prochain à Strasbourg est de "mettre fin à la politique d'austérité" et à la "doxa libérale".

"C'est le mélange du libéralisme anglo-saxon et de l'ordo-libéralisme allemand qui a fait triompher l'Europe des règles et l'Europe de l'austérité", a-t-il poursuivi.

"Je l'ai dit et j'assume mes propos : la confrontation avec l'Allemagne est nécessaire, et elle se situe sur un plan idéologique : l'Europe de l'austérité contre l'Europe de la croissance, l'Europe des disciplines contre l'Europe des solidarités", a-t-il ajouté.

Pour Claude Bartolone "les bons compromis naissent de la confrontation. Avant les poignées de main, il y a toujours eu des bras de fer : Mitterrand et Kohl nous l'ont montré au moment de la création de l'union économique et monétaire".

"LE RÉSULTAT N'EST PAS LA", DIT MONTEBOURG

Arnaud Montebourg a pris la parole pour estimer que les choses avaient commencé à bouger dans l'Union européenne.

"Nous avons engagé la réorientation de l'Union européenne mais le résultat n'est là. Il faut donc intensifier nos efforts, continuer à défendre notre position", a-t-il dit en affirmant que plusieurs ministres européens lui avaient confié qu'ils "comptaient sur la France pour parler haut et fort".

Le député Laurent Baumel, l'un des fondateur de la Gauche Forte, entend avec ses amis "peser sur le choix du gouvernement pour qu'il donne corps à la confrontation, à la tension amicale avec l'Allemagne", a-t-il déclaré à Reuters.

Claude Bartolone et Arnaud Montebourg ont tous deux réclamé à diverses reprises un changement d'orientation de la politique européenne avant d'être rappelés à l'ordre par François Hollande soucieux de préserver de bonnes relations avec Angela Merkel.

Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée, a jugé normale la tenue de colloque afin de "remplir la feuille de route du président".

Mais "si c'est pour essayer de faire de l'Europe une fois de plus le bouc émissaire de nos difficultés, d'être dans la proclamation plutôt que dans l'action, à ce moment-là ça ne servirait à rien", a-t-il ajouté.

Le texte qui sera soumis à la convention sur l'Europe de dimanche et qui a été adopté par 90% des militants a été édulcoré au point que la gauche du PS a accusé la direction de la formation d'avoir "manipulé" le résultat.

Le député Henri Emmanuelli, ancien Premier secrétaire du PS, a jugé "inacceptable" "que les militants soient dépossédés de leur expression sur l'avenir de l'Union européenne".

Le courant "Un Monde d'Avance" animé par le ministre Benoît Hamon, a lui aussi appelé mardi, dans un communiqué, la direction du PS "à respecter la démocratie interne".

Ce courant s'est adressé directement au premier secrétaire du PS, Harlem Désir. "S'il venait à ne pas appliquer les règles de base de fonctionnement d'un parti politique démocratique, nous estimerions que cet acte serait d'une extrême gravité pour le PS et ses militants, et que la légitimité d'Harlem Désir à diriger le Parti serait irrémédiablement en cause", écrivent les amis de Benoît Hamon. (Emile Picy, édité par Yves Clarisse)