(Répète avec précision au §8)

PARIS, 21 janvier (Reuters) - L'ex-secrétaire général de la CFDT François Chérèque assurera le suivi du plan du gouvernement de lutte contre la pauvreté, a annoncé lundi le Premier ministre après un comité interministériel consacré à la lutte contre les exclusions.

Jean-Marc Ayrault avait présenté le 11 décembre un plan quinquennal contre l'exclusion dont les grandes lignes incluaient une hausse de 10% du revenu de solidarité active (RSA), le renforcement de l'hébergement d'urgence ou la lutte contre le surendettement.

Il a loué lundi devant la presse l'"indépendance d'esprit" de François Chérèque, qui a laissé la direction de la CFDT à Laurent Berger en novembre dernier, a pris la tête de Terra Nova, un think tank proche du PS, et a été nommé au sein de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales).

C'est dans le cadre de cette fonction qu'il a été mandaté avec pour mission de veiller à ce que le plan soit correctement décliné sur l'ensemble du territoire français.

Le gouvernement français se défend d'avoir fait de la CFDT un interlocuteur privilégié, même si cette centrale a, avec la CFTC, validé le 11 janvier avec les organisations patronales un accord dit de "sécurisation de travail" que la CGT et FO ont dénoncé comme une régression du droit des travailleurs.

"Nous n'avons pas d'interlocuteur privilégié dans le monde syndical, nous parlons avec tout le monde", avait dit vendredi lors d'un entretien avec la rédaction de Reuters le ministre du Travail Michel Sapin.

La nomination de François Chérèque provoque toutefois des grincements de dents dans les autres centrales.

"Ça ne donne pas une image d'indépendance syndicale", a déclaré le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly sur France Inter. "Ce n'est pas une question de confiance, je pense que quand on s'arrête il faut savoir s'arrêter."

Le plan du gouvernement se veut une rupture avec la politique mise en place durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

DÉNONCIATION DE LA PARESSE

"C'en est fini de la dénonciation de la paresse ou de la malhonnêteté des ménages modestes", a promis le gouvernement dans un document présentant le plan dont un comité interministériel devra faire un bilan d'étape tous les ans.

Le Premier ministre, qui a dénoncé la "culpabilisation" qu'ont subie les ménages modestes par le passé, a déclaré pleinement assumer le coût de son plan dont l'enjeu n'est, selon lui, "rien d'autre que la justice sociale".

"Nous évaluons la dépense globale à 2,5 milliards d'euros à l'horizon 2017 mais ce n'est pas du luxe", s'est-il défendu.

L'ancien maire de Nantes a précisé que ce plan ne grèverait pas le déficit de l'Etat et serait financé par le redéploiement de crédits. Il a insisté sur le fait qu'il ne nécessiterait pas la création de nouvelles taxes ou d'impôts.

Les principales mesures du plan sont les suivantes:

- Revalorisation du RSA de 10% en plus de l'inflation, d'ici 2017, avec une première revalorisation de 2% en septembre 2013.

- Hausse du plafond de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU) pour en faire bénéficier 750.000 personnes de plus.

- Instauration d'une "garantie" jeunes pour des 18-25 avec un accompagnement à la formation ou à l'emploi et une allocation d'un montant équivalent au RSA.

- Aide aux familles en situation de pauvreté, avec une augmentation du montant de l'allocation de soutien familial et une majoration du complément familial.

- 9.000 places de plus en hébergement d'urgence et d'autres mesures d'accès au logement.

- Allongement de la durée des contrats aidés vers une durée moyenne de 12 mois.

- Renforcement de l'accès aux crèches pour les enfants de familles en situation de pauvreté avec un minimum de 10%.

- Création d'un registre national des crédits aux particuliers pour participer à la lutte contre le surendettement. (Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)