* 732 grandes entreprises ont répondu à temps sur 1.400

* Des syndicats critiquent l'index

PARIS, 5 mars (Reuters) - Près d'une grande entreprise sur cinq est en "alerte rouge", c'est-à-dire qu'elle n'a pas atteint le seuil minimal à l'index de l'égalité entre les femmes et les hommes et s'expose à des pénalités financières, a annoncé mardi la ministre du Travail.

Les entreprises de plus de 1.000 salariés - qui sont au nombre de 1.400 en France - devaient publier vendredi cet index mis au point par le gouvernement pour éradiquer les inégalités au travail entre les femmes et les hommes d'ici 2022. L'outil mesure les écarts de rémunération, les écarts des taux d'augmentations individuelles, les taux de promotion, le pourcentage de salariées ayant bénéficié d'augmentation dans l'année au retour d'un congé maternité et la place des femmes parmi les dix plus hautes rémunérations.

Si l'entreprise obtient un score inférieur à 75 sur 100 points, elle dispose de trois ans pour se mettre en conformité et atteindre le seuil requis, faute de quoi elle se verra imposer une sanction financière pouvant aller jusqu'à 1% de sa masse salariale.

Seules 732 entreprises ont rempli leurs obligations à temps, a dit la ministre du Travail Muriel Pénicaud, qui précise que la Direction général du travail (DGT) sollicite les entreprises restantes pour qu'elles se conforment à la loi.

Parmi les répondantes, près d'une sur cinq obtient moins que le seuil requis. Quatorze entreprises ont obtenu la note de 100, comme Sodexo, Maif, CNP Assurances. La moyenne est de 80 sur 100.

"Moins de 75 points, c'est vraiment un niveau d'inégalité qui est structurel, sur lequel il faut une action managériale et un dialogue social qui soit profond", a déclaré Muriel Pénicaud en conférence de presse.

Selon la ministre, plusieurs groupes découvrent que certaines de leur filiale "sont en alerte rouge". L'obligation de publication s'applique en effet non seulement aux maisons mères mais aussi aux filiales.

DES ENTREPRISES OÙ L'ETAT EST ACTIONNAIRE

Parmi les mauvais élèves où l'Etat est actionnaire figurent des filiales de Renaud, Thales, Engie ou encore Safran.

"On va aussi balayer devant notre porte. (...) Je vais envoyer la liste à mon collègue Bruno Le Maire (ministre de l'Economie). Ensemble, nous allons saisir l'Agence des participations de l'Etat (APE) pour que l'Etat actionnaire mette ça à l'ordre du jour des prochains conseils d'administration", a dit Muriel Pénicaud.

Le ministère constate également que les grandes entreprises sont parvenues à limiter les écarts de salaires mais laissent encore trop peu de femmes accéder aux postes de direction. Seulement 16% des entreprises ayant répondu disent avoir parmi les dix plus hautes rémunérations au moins quatre femmes.

Autre révélation: 27% des grandes entreprises ne respectent pas l'obligation légale de 2006 de donner des augmentations à leurs salariées de retour de congé maternité, dès lors que des augmentations ont été données en leur absence.

"C'est le dernier kilomètre qui ne va pas du tout (...) il y aura beaucoup à faire", dit Muriel Pénicaud.

Les entreprises de 250 à 1.000 salariés seront elles aussi soumises à la publication de l'index le 1er septembre 2019, celles de 50 à 250 salariés à partir du 1er mars 2020.

Pour certaines organisations syndicales, l'outil, tel qu'il est conçu, "masque une partie des écarts".

"Un bilan rapide devra être tiré et les modifications nécessaires mises en place pour que toutes les entreprises soient dans l’obligation d’éliminer les écarts", écrivent la CFE-CGC, la CFTC, la CGT, FO, FSU, Solidaires et l'Unsa dans un communiqué commun. (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)