* Le capital de STX partagé à 50/50 entre la France et Fincantieri

* La France prêtera 1% à Fincantieri qui aura 51% des droits de vote

* Paris pourra reprendre ce 1% si des engagements ne sont pas tenus

* Un groupe de travail créé pour s'allier dans le naval militaire (Actualisé avec conférence de presse)

par Jean-Baptiste Vey, Gwénaëlle Barzic et Giselda Vagnoni

LYON, 27 septembre (Reuters) - Le groupe italien Fincantieri va prendre le contrôle effectif des chantiers navals STX selon un accord prévoyant un actionnariat à parité entre la France et l'Italie, mettant un terme à des mois de tension entre les deux pays, qui prévoient de travailler à une alliance plus large dans le naval militaire.

Paris avait déclenché l'ire des pouvoirs publics italiens en nationalisant en juillet les chantiers navals de Saint-Nazaire, remettant en cause un accord conclu avec Fincantieri sous la présidence de François Hollande.

Pour sortir du bras de fer sur le partage du capital du constructeur naval, le gouvernement français a proposé à la partie italienne un accord à plusieurs étages, permettant aux Italiens d'obtenir le contrôle effectif de STX tout en garantissant la protection des intérêts français.

Les deux pays sont par ailleurs convenus de mettre sur pied un groupe de travail pour étudier la possibilité, d'ici juin 2018, de créer un champion européen dans le naval militaire en rapprochant leurs sociétés Naval Group et Fincantieri.

Cette initiative intervient au lendemain du projet de prise de contrôle du français Alstom par l'allemand Siemens en vue de donner naissance à un champion européen du ferroviaire, capable de résister à la concurrence asiatique.

"C’est un accord gagnant-gagnant. A ceux qui disent : 'c’est terrible, de fait il y aura un opérateur industriel qui n'est pas français', je veux leur rappeler qu'il y a quelques mois, à une très large majorité, l'actionnaire et l'opérateur était coréen", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse aux côtés du président du Conseil italien, Paolo Gentiloni.

"Nous créons les conditions d'une direction claire sur le plan économique et industriel et des garanties claires sur le terrain pour l'emprise industrielle en France comme en Italie."

Dans le détail, le constructeur naval Fincantieri aura 50% du capital de STX alors que côté français, l’Etat détiendra 34,34%, Naval Group 10% et, dans la mesure du possible, 2% irait aux salariés de STX et 3,66% aux sous-traitants locaux de STX.

Subtilité de l'accord, l’Etat français prêtera 1% du capital à Fincantieri, ce qui permettra au groupe italien d’avoir 51% des droits de vote.

Dans le cadre de ce prêt d'une durée de 12 ans, Paris pourra reprendre cette part de 1% au bout de 2, 5, 8 et 12 ans s’il estime que Fincantieri n’a pas respecté ses engagements, qui portent sur les règles de gouvernance, la préservation de l’emploi et du tissu de sous-traitance, du savoir-faire, de la propriété intellectuelle et du niveau d’investissement.

Si l’Etat français reprend ce 1%, Fincantieri pourra exiger que l’Etat français rachète sa part de 50%.

VERS UN CHAMPION EUROPÉEN DU NAVAL MILITAIRE ?

Le conseil d’administration comportera huit membres : quatre nommés par Fincantieri - dont le PDG - deux par l’Etat français, un par Naval Group et un par les employés.

Laurent Castaing, actuel dirigeant de STX France, sera PDG et aura une voix prépondérante au conseil en cas d'égalité.

Si les employés ou les sous-traitants locaux ne peuvent acquérir 2% et 3,66% du capital, Naval Group aurait vocation à les reprendre.

Les engagements pris dans le précédent accord de reprise des chantiers par Fincantieri en avril, qui portent notamment sur l'activité et la non prise de contrôle, demeurent par ailleurs.

A une échéance plus lointaine, la France et l'Italie sont convenues d'étudier un rapprochement capitalistique entre Naval Group et Fincantieri mais l’opération s'annonce complexe en raison des intérêts stratégiques en jeu et de la différence de taille entre les deux acteurs.

"Cela ne donnera pas forcément lieu à court terme à des rapprochements capitalistiques et industriels", a dit Emmanuel Macron, ajoutant que les acteurs concernés réfléchiraient dans un premier temps à des projets communs d'investissement.

Les groupes Thales et Leonardo sont associés à ces discussions car ils sont d'importants fournisseurs des deux groupes, Thales étant par ailleurs actionnaire de Naval Group, mais ils ne font pas partie du périmètre des négociations, a-t-on précisé à l'Elysée.

Le compromis trouvé sur STX pourrait permettre d'apaiser le vif débat en Italie sur les investissements français dans les entreprises du pays.

Le sujet du groupe de médias Vivendi, qui fait l'objet de plusieurs procédures en Italie après ses investissements dans l'opérateur Telecom et le diffuseur Mediaset n'a pas été abordé à Lyon, a déclaré le ministre italien de l'Industrie, Carlo Calenda, à des journalistes en marge du sommet. (Edité par Yves Clarisse)