Le noyau d'extrême-droite du programme de Le Pen a été examiné de plus près alors que la campagne entre dans ses derniers jours.

Louis Aliot, le maire d'extrême droite de Perpignan et ancien compagnon de vie de Le Pen, a déclaré dans une interview à la radio France Inter que l'interdiction du hijab était l'un des nombreux outils politiques permettant de lutter contre "l'islamisme", mais que sa mise en œuvre devait se faire "progressivement".

L'interdiction devrait d'abord viser les services publics, a-t-il dit, avant d'être élargie "petit à petit". "Il y aura un débat au Parlement et ensuite le choix sera fait", a-t-il déclaré.

Un autre allié de Le Pen, David Rachline, le maire de la ville méditerranéenne de Fréjus, a également semblé lundi adoucir sa position. "Nous ne voulons pas attaquer les gens... toutes ces femmes qui portent un hijab ne sont pas des islamistes", a-t-il déclaré.

Le Pen a précédemment déclaré que le hijab ne pouvait être considéré comme le signe de la croyance religieuse d'une personne, mais qu'il s'agissait d'un "uniforme islamiste" qui devait être banni de l'espace public français.

STAGNATIONNEMENT

Six jours avant le vote final dans la deuxième plus grande économie de la zone euro, Le Pen n'a jamais été aussi proche de l'Élysée, mais sa hausse spectaculaire dans les sondages d'opinion a semblé stagner après le premier tour alors que Macron intensifiait sa campagne.

Les principaux sondages montrent toujours que Macron est le vainqueur probable, bien qu'avec une marge étroite.

Un sondage Ipsos pour la radio France Info et le journal Le Parisien publié lundi montrait que Macron atteignait 56%, en hausse de 0,5% par rapport à la veille et de 3% par rapport au premier tour. Un sondage Ifop a montré une tendance similaire, avec toutefois une cote inchangée par rapport à la veille, à 53,5%.

Les deux candidats doivent relever le défi d'atteindre les électeurs de gauche après l'élimination de leurs candidats, tout en conservant leurs marques politiques, une tâche particulièrement difficile pour Le Pen lorsqu'il s'agit de l'Islam et de l'immigration.

Ces dernières années, Le Pen a cherché à adoucir son image, en déplaçant son attention des questions d'identité vers le pouvoir d'achat, la priorité numéro un des électeurs français, mais elle ne s'est pas départie de ses politiques d'extrême droite.

"Les gens qui sont présents sur notre territoire, qui respectent nos lois, qui respectent nos valeurs, qui ont parfois travaillé en France, n'ont rien à craindre de la politique que je veux mener", a déclaré Mme Le Pen à la radio France Bleue.

Les questions liées à la population musulmane de France, l'une des plus importantes d'Europe, sont devenues un sujet brûlant dans un pays qui a connu une série d'attaques extrémistes meurtrières.

Des avocats français ont déclaré que l'interdiction du hijab violerait la constitution française.

Vendredi, Le Pen a eu l'air penaud lorsqu'elle a été abordée par une femme portant un hijab devant les caméras, qui lui a dit de "laisser les musulmans tranquilles", ajoutant : "Nous sommes français, nous aimons ce pays".

Le lendemain, Mme Le Pen a déclaré qu'elle reconnaissait que la question était complexe, ajoutant que le Parlement aurait son mot à dire sur la décision et que toute loi non souhaitée pourrait être révoquée.

Emmanuel Macron, qui s'est engagé le week-end dernier à intensifier ses efforts contre le changement climatique lors d'un discours prononcé dans le bastion de la gauche dure à Marseille, a réitéré lundi ses avertissements à l'égard des électeurs progressistes.

"Je dis à tous ceux qui hésitent encore : Il y aura un référendum clair le 24 avril car le candidat de l'extrême droite est contre l'Europe et contre la (politique) climatique", a-t-il déclaré lors d'une émission de télévision sur France 5.