* Décision prise au lendemain du référendum en Crimée

* Paris pourrait envisager d'annuler la vente de Mistral à Moscou (Actualisé avec déclarations Fabius)

MOSCOU, 17 mars (Reuters) - Les ministres français de la Défense et des Affaires étrangères ont reporté leur déplacement à Moscou initialement prévu mardi, a dit lundi à Reuters une source au sein du ministère russe des Affaires étrangères, au lendemain d'un référendum en Crimée qui a attisé les tensions entre la Russie et l'Occident.

Le Kremlin avait annoncé la semaine dernière que Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius se rendraient le 18 mars dans la capitale russe pour prolonger la discussion téléphonique sur l'Ukraine entamée le 12 mars entre François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine.

Le chef de l'Etat français avait à cette occasion demandé au président russe de "tout faire pour éviter un rattachement de la Crimée", République autonome d'Ukraine, à la Russie.

Dimanche, les électeurs de Crimée se sont prononcés par référendum à 96,77% en faveur de l'union avec la Russie. Le vote a été dénoncé par la communauté internationale, à l'exception de Moscou, et a été qualifié de "pseudo-consultation" par François Hollande.

Le chef de l'Etat a prévenu samedi que des sanctions liées à la coopération militaire entre la France et la Russie pourraient être décidées par Paris dans le cadre d'une troisième niveau de sanctions.

La Russie a passé commande pour 1,2 milliard d'euros à la France en 2011 de deux bâtiments BPC (bâtiment de projection et de commandement) de type Mistral, et pris une option pour deux autres.

La France pourrait envisager d'annuler la vente de navires Mistral à la Russie si Moscou poursuivait dans cette voie, a précisé Laurent Fabius lundi soir sur TF1.

"Pour l'instant nous sommes au deuxième niveau" de sanctions, a-t-il dit. "Si Poutine continue ce qu'il fait, à ce moment-là nous pouvons envisager d'annuler ces ventes mais (...) nous demanderons à ce moment-là à d'autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l'équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde."

La venue de 400 marins russes prévue en mai à Saint-Nazaire pour apprendre à manoeuvrer les BPC pourrait également être annulée dans le cadre du troisième niveau de sanctions, a ajouté le chef de la diplomatie française.

"Nous voulons absolument que la fermeté prévale, que Poutine ne puisse pas aller plus loin, et en même temps nous voulons la désescalade par le dialogue", a souligné Laurent Fabius.

Interrogé sur une éventuelle annexion des régions russophones de l'est de l'Ukraine par la Russie, il a brandi la menace de nouvelles sanctions économiques et le recours à la force.

"Au bout d'une certaine limite, il y aura des réactions y compris par force", a-t-il dit. "L'Ukraine a déjà décidé la mobilisation d'un certain nombre de gens et on ne peut pas laisser tout faire". (Gabriela Baczynska, avec Marine Pennetier à Paris)