* Un discours et des propositions mercredi à Nice

* Il prône des quotas en France

* Regroupement familial, aides limités

* Il entend muscler les accords de Schengen

* Un débat avec Berlin sur la politique d'asile

PARIS, 10 janvier (Reuters) - François Fillon défendra mercredi son projet de réduire l'immigration "au strict minimum" en France via des quotas et invitera l'Union européenne à "aller plus loin" dans sa politique migratoire et d'asile face à la menace djihadiste.

Le candidat de la droite et du centre à la présidentielle, devancé par Marine Le Pen dans un sondage Ifop-Fiducial , se rend mercredi et jeudi dans les Alpes-Maritimes avec, notamment, le député (Les Républicains) Guillaume Larrivé, soutien de Nicolas Sarkozy durant la primaire et violemment critique de la politique d'immigration d'Angela Merkel.

François Fillon se rendra au poste-frontière de Menton où les interpellations de migrants ont bondi en 2016, avant un discours à Nice où il exposera ses propositions.

"François Fillon n'ira pas à Nice dire qu'il faut sortir des accords de Schengen, il dira qu'il faut fixer des quotas d'immigration", déclare-t-on dans son entourage.

Les propositions du candidat en matière d'immigration sont connues et ont déjà été critiquées pour leur radicalité par la gauche, à l'instar de ses mesures économiques.

La clé de voûte de son plan est d'inscrire dans la Constitution que "l'immigration dépend de la capacité d'accueil et d'intégration de la France". Le Parlement adopterait ainsi chaque année des quotas d'immigration légale en fonction de la situation de l'emploi, du logement et du "contexte social".

"Aucune prestation d'aide sociale (...) ne sera versée à ceux qui résident régulièrement en France depuis moins de deux ans", peut-on lire dans son programme.

L'Aide médicale d'Etat (AME) serait supprimée au profit d'une "dispense temporaire de frais de santé" limitée aux urgences. Les immigrés en situation irrégulière seraient exclus par ailleurs des structures d'hébergement d'urgence.

François Fillon entend également durcir les règles du regroupement familial jusqu'à envisager une "dénonciation provisoire", si nécessaire, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales.

FAILLES SÉCURITAIRES

"C'est une technique juridique qui a déjà été utilisée par le Royaume-Uni. La France n'a pas à se laisser dicter ses décisions", explique-t-on dans l'entourage du candidat.

"La Cour européenne des droits de l'Homme a donné des interprétations particulièrement généreuses de l'article 8" sur le droit au respect de la vie privée et familiale, juge-t-on.

Relevant que 80% des demandeurs d'asile en France sont déboutés, François Fillon prône en outre "une politique volontariste d'éloignement" des requérants déboutés.

La maîtrise de l'immigration en France passe aussi pour le candidat par une politique européenne plus volontariste.

Face à l'Allemagne, confrontée à la perspective d'un déclin démographique, François Fillon veut faire valoir la "particularité" la France, où le taux de fécondité est l'un des plus élevés de l'UE, et faire entendre sa voix sur la politique migratoire des Vingt-Huit.

"Les Allemands ont une vision de la démographie et du marché du travail qui n'a rien à voir avec la nôtre mais ces deux visions sont compatibles", estime-t-on dans son entourage.

Du terrain social et économique, le débat s'est porté sur le front sécuritaire.

François Fillon avait souligné la nécessité pour la France de "balayer devant sa porte" après les failles mises au jour par les attentats de 2015, mais plusieurs membres de son état-major n'ont pas mâché leurs mots envers Angela Merkel après l'attentat meurtrier de Berlin.

Ainsi de Guillaume Larrivé, qui estime que "le wilkommen planétaire de la chancelière" a constitué "une erreur tragique" et "mis en danger le continent".

François Fillon, qui s'entretiendra de ces questions avec Angela Merkel le 23 janvier à Berlin, propose de "muscler" Schengen en suspendant notamment pour un an la participation d'un Etat membre qui "serait dans l'incapacité d'assurer le contrôle de ses frontières extérieures".

"L'Europe de l'immigration est aujourd'hui en miettes. Il faut travailler ensemble, renforcer la coopération, les échanges d'information", dit-on dans son entourage. (Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)