QUI EST JULIAN ASSANGE ?

Julian Assange est né à Townsville, en Australie, en juillet 1971, de parents qui faisaient du théâtre et voyageaient souvent.

À l'adolescence, Julian Assange s'est fait une réputation de programmeur informatique sophistiqué et, en 1995, il a été arrêté et a plaidé coupable de piratage informatique. Il a été condamné à une amende, mais a évité la prison à condition de ne pas récidiver. À la fin de la vingtaine, il est entré à l'université de Melbourne pour étudier les mathématiques et la physique.

QU'EST-CE QUE WIKILEAKS ?

M. Assange a lancé WikiLeaks en 2006, créant ainsi une "boîte aux lettres" en ligne pour les fuites potentielles.

Le site est devenu célèbre en avril 2010 lorsqu'il a publié une vidéo confidentielle montrant une attaque d'hélicoptères américains en 2007 qui a tué une douzaine de personnes dans la capitale irakienne, Bagdad, dont deux journalistes de l'agence Reuters.

Il a publié plus de 90 000 documents militaires américains classifiés sur la guerre en Afghanistan et environ 400 000 dossiers américains secrets sur la guerre en Irak. Ces deux fuites représentaient les plus importantes failles de sécurité de ce type dans l'histoire de l'armée américaine.

Elles ont été suivies de la publication de 250 000 câbles diplomatiques secrets provenant d'ambassades américaines du monde entier, dont certaines informations ont été publiées par des journaux tels que le New York Times et le Guardian britannique.

Ces fuites ont suscité la colère et l'embarras des responsables politiques et militaires américains, qui ont déclaré que cette diffusion non autorisée mettait des vies en danger.

L'ex-analyste du renseignement de l'armée Chelsea Manning a passé sept ans dans une prison militaire pour avoir divulgué des centaines de milliers de messages et de câbles à WikiLeaks, avant d'être libérée sur ordre du président Barack Obama.

ARRESTATION ET DÉBUT DE LA BATAILLE JURIDIQUE

Le 18 novembre 2010, un tribunal suédois a ordonné la détention de M. Assange dans le cadre d'une enquête sur les allégations de crimes sexuels formulées par deux bénévoles suédoises de WikiLeaks. Le 7 décembre 2010, M. Assange a été arrêté par la police britannique en vertu d'un mandat d'arrêt européen (MAE) émis par la Suède.

M. Assange a nié ces allégations et a déclaré d'emblée qu'il pensait que l'affaire suédoise était un prétexte pour l'extrader vers les États-Unis afin qu'il y soit inculpé pour les publications de WikiLeaks.

Son extradition vers la Suède pour y être interrogé a été ordonnée en février 2011 et ses appels ultérieurs ont échoué. En juin 2012, peu après que la Cour suprême du Royaume-Uni a rejeté son dernier recours, il s'est rendu à l'ambassade d'Équateur à Londres pour demander l'asile.

LES SEPT ANNÉES DE SÉJOUR D'ASSANGE DANS L'AMBASSADE ÉQUATORIENNE

L'Équateur a accordé l'asile à M. Assange le 16 août 2012, alors que la police britannique montait une garde permanente pour l'empêcher de s'enfuir, affirmant qu'il serait arrêté s'il partait.

Dans cette impasse, M. Assange vivait à l'étroit dans l'ambassade. Les procureurs suédois ont abandonné leur enquête en 2017, mais la police britannique a déclaré qu'il serait toujours arrêté s'il quittait l'ambassade parce qu'il ne s'était pas rendu à la libération sous caution.

Pendant son séjour à l'ambassade, il a eu deux enfants avec sa compagne Stella Moris.

FIN DE L'IMPASSE À L'AMBASSADE, DÉBUT DE L'AFFAIRE AMÉRICAINE

Le 11 avril 2019, M. Assange, qui hurle, est sorti de l'ambassade et arrêté après que l'Équateur a révoqué son asile politique.

Le mois suivant, il a été emprisonné pendant 50 semaines pour avoir enfreint les conditions de sa libération sous caution. En juin 2019, le ministère américain de la Justice a officiellement demandé à la Grande-Bretagne de l'extrader vers les États-Unis pour répondre à 18 chefs d'accusation selon lesquels il aurait conspiré pour pirater des ordinateurs du gouvernement américain et violé les lois sur l'espionnage.

Bien qu'Assange ait terminé sa peine de prison en septembre 2019, il est resté dans la prison de haute sécurité de Belmarsh en attendant les audiences d'extradition.

Le 4 janvier 2021, un juge britannique a décidé que M. Assange ne devait pas être extradé vers les États-Unis, au motif qu'il risquait de se suicider en raison de ses problèmes de santé mentale.

Toutefois, les autorités américaines ont gagné en décembre 2021 un appel de cette décision devant la Haute Cour de Londres, après avoir donné des garanties sur les conditions de détention de M. Assange s'il était condamné, notamment en promettant qu'il pourrait être transféré en Australie pour y purger sa peine.

Le 23 mars 2022, M. Assange a épousé sa compagne de longue date, Stella, à Belmarsh.

DERNIÈRE BATAILLE JURIDIQUE ?

En juin 2022, la ministre britannique de l'intérieur de l'époque, Priti Patel, a approuvé l'extradition et, l'année dernière, un juge de la Haute Cour de Londres a rejeté la demande d'appel de M. Assange.

Lors d'une audience de deux jours en février, l'équipe juridique de M. Assange a demandé l'autorisation de lancer un dernier appel pour faire annuler la décision d'extradition devant les tribunaux anglais.

Ses avocats ont déclaré que l'affaire était motivée par des considérations politiques et constituait une atteinte à la liberté d'expression et au journalisme, et que M. Assange pourrait être condamné à la peine de mort s'il était reconnu coupable. Une décision écrite sera rendue mardi par deux juges de haut rang.

Si M. Assange obtient gain de cause, son affaire fera l'objet d'un appel en bonne et due forme. S'il perd, le seul obstacle à son extradition sera la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Elle a déjà rejeté deux requêtes déposées par M. Assange en 2015 et en 2022.

Si M. Assange est extradé, ses partisans affirment qu'il pourrait être détenu dans une prison américaine de haute sécurité et qu'en cas de condamnation, il risquerait une peine de 175 ans d'emprisonnement. Les procureurs américains ont déclaré que la peine ne dépasserait pas 63 mois.