POURQUOI LANCER UN FONDS SOUVERAIN MAINTENANT ?

L'Irlande a été l'un des rares pays de l'Union européenne à afficher un excédent budgétaire l'année dernière et a prévu que ses excédents pourraient continuer à augmenter dans les années à venir, à partir du niveau déjà élevé de 2,9 % du revenu national enregistré en 2022.

Jusqu'à présent, l'excédent est entièrement dû à la multiplication par six, au cours de la dernière décennie, du montant de l'impôt sur les sociétés perçu par l'Irlande. Ces impôts sont principalement payés par un petit nombre de multinationales étrangères, dont le siège européen est basé en Irlande.

Le ministre irlandais des finances a déclaré que l'investissement d'une grande partie de cette manne, au lieu de l'ajouter à des budgets annuels déjà généreux, était une "occasion unique" de rendre les finances du pays plus sûres.

D'OÙ VIENT LE BOOM DE L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS ?

L'Irlande a prélevé en moyenne 4 milliards d'euros par an sur l'impôt sur les sociétés entre 2009 et 2014, avant que la répression mondiale à l'encontre des pays qui n'imposaient pas d'impôt sur les sociétés n'incite certaines grandes multinationales à transférer des quantités massives de propriété intellectuelle vers l'Irlande, qui applique un taux d'imposition faible de 12,5 %.

Le ministère des finances a mis en garde contre les risques de dépendre des décisions d'une poignée d'entreprises pour générer autant de revenus et estime qu'environ la moitié des 24 milliards d'euros d'impôts sur les sociétés dus cette année ne peuvent pas être considérés comme des rentrées d'argent.

À QUOI L'IRLANDE VEUT-ELLE UTILISER LE FONDS ?

Le gouvernement souhaite alimenter le fonds chaque année et obtenir un rendement suffisant pour faire face à l'augmentation des coûts à long terme, tels que les retraites, les soins de santé et le financement de la double transition climatique et numérique.

Selon Eurostat, la proportion d'Irlandais âgés de 65 ans et plus par rapport à la population en âge de travailler devrait passer de 25 % en 2020 à 46 % en 2050, tandis que l'organisme de surveillance fiscale irlandais estime que le coût de la réalisation intégrale des objectifs climatiques pourrait représenter 2 % du revenu national brut par an à partir de 2026.

Un deuxième fonds pour les infrastructures et le climat, d'un montant plus modeste de 14 milliards d'euros, sera également mis en place pour rattraper le retard pris dans les dépenses climatiques à plus court terme et pour servir de tampon en cas de réduction des dépenses d'investissement lors d'un futur ralentissement économique.

QUELS FONDS SOUVERAINS L'IRLANDE A-T-ELLE EXAMINÉS ?

Le ministère des finances a cité la Norvège, l'Australie et le Japon parmi les pays qui ont constitué des fonds axés sur l'avenir en utilisant des excédents budgétaires ou des recettes exceptionnelles, ou des recettes pétrolières dans le cas de la Norvège.

Le fonds souverain norvégien, d'une valeur de 1 400 milliards de dollars, est l'un des plus gros investisseurs au monde, tandis que le Japon s'est doté d'un fonds de pension d'une taille similaire au cours des 17 dernières années. Le fonds australien Future Fund, d'une valeur de 131 milliards de dollars, également créé en 2006, est beaucoup plus proche des ambitions de l'Irlande.