Voici ce qu'il faut attendre d'eux sur les grandes questions :

- L'ÉCONOMIE :

LE PEN : L'héritière d'extrême droite a transformé l'ancien Front national, faisant du parti de son père, libre-échangiste et petit gouvernement, un parti protectionniste et dépensier.

Elle veut mettre en œuvre une politique "Acheter français" pour les appels d'offres publics, ramener l'âge minimum de la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans, supprimer l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans et réduire la TVA sur l'énergie de 20 % à 5,5 %.

Elle dépenserait également 2 milliards d'euros (2,18 milliards de dollars) sur 5 ans pour augmenter les salaires des travailleurs hospitaliers et recruter 10 000 d'entre eux supplémentaires. Les salaires des enseignants augmenteraient de 15 % sur 5 ans.

Gilles Ivaldi, politologue à Sciences-Po, estime que le programme économique de son parti est plus à gauche qu'il ne l'a été depuis des décennies.

MACRON : Le leader français prévoit de doubler les réformes du côté de l'offre qu'il a mises en œuvre au cours de son premier mandat, le principal axe de son manifeste étant l'augmentation de l'âge minimum de la retraite de 62 à 65 ans.

Macron promet également de conditionner certaines prestations sociales à la réalisation de 15 à 20 heures de formation, à l'instar des politiques menées dans des pays comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne.

L'assurance chômage, qui garantit actuellement aux travailleurs jusqu'à deux tiers de leur salaire pendant deux ans s'ils perdent leur emploi, serait liée à la vigueur de l'économie.

Dans sa tentative de rester fidèle à sa devise "ni gauche ni droite", il a également promis de rendre les prestations automatiques pour ceux qui y ont droit au lieu d'obliger les bénéficiaires potentiels à en faire la demande.

- EUROPE :

LE PEN : Bien qu'elle ait abandonné ses plans antérieurs de quitter l'euro et de payer la dette de la France en francs nouvellement créés, Le Pen s'est néanmoins engagée à réduire les contributions aux coffres de l'Union européenne. Une telle décision mettrait Paris en porte-à-faux avec la Commission européenne et les autres membres de l'UE.

Elle insiste sur le fait que le droit français devrait prévaloir sur les règles de l'UE, dans un défi lancé à la Cour suprême de l'Union, et affirme vouloir remplacer l'UE par une "Europe des nations", bien qu'elle n'ait pas encore précisé à quoi cela ressemblerait.

Mme Le Pen emploierait également des milliers d'agents des douanes supplémentaires pour contrôler les marchandises entrant en France, y compris en provenance d'autres pays de l'UE, prétendument pour lutter contre la fraude. Selon les analystes, cela porterait atteinte au marché unique.

MACRON : L'ardent europhile poursuivrait ses efforts pour développer ce qu'il appelle "l'autonomie stratégique" de l'Europe en matière de défense, de technologie, d'agriculture et d'énergie et réduire la dépendance du bloc vis-à-vis des autres puissances.

Au cours des cinq dernières années, M. Macron a cherché à réorienter l'UE vers une position plus protectionniste, en bloquant certains accords de libre-échange avec d'autres blocs comme le Mercosur et en créant un mécanisme permettant d'examiner de plus près les prises de contrôle extérieures d'entreprises européennes stratégiques.

Il est également probable que Macron fasse pression pour une réglementation plus stricte des géants américains de la technologie et a déclaré vouloir créer un "métavers européen" pour concurrencer celui de Facebook.

- L'ALLIANCE OCCIDENTALE :

LE PEN : Le Pen veut retirer la France du commandement intégré de l'alliance militaire transatlantique qu'est l'OTAN, dans un défi à l'architecture de sécurité occidentale de l'après-guerre froide.

Ses opposants l'accusent d'être trop proche de Moscou. Son parti a reçu un prêt bancaire d'une banque russe en 2014 et elle a été accueillie par le président russe Vladimir Poutine au Kremlin peu avant l'élection présidentielle de 2017.

Elle a condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais affirme que Moscou pourrait redevenir un allié après la guerre.

Dans une interview accordée à Reuters, elle s'est qualifiée de "gaulliste", en référence au dirigeant de la guerre Charles de Gaulle, et a déclaré qu'elle mènerait une politique étrangère à égale distance de Washington et de Moscou.

Lorsqu'on lui a demandé si elle avait un message à adresser aux alliés traditionnels de la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, elle a répondu : "Laissez tomber les idées préconçues que vous avez sur moi".

MACRON : Bien que Macron ait hérissé des plumes à travers l'alliance transatlantique, notamment en Europe de l'Est et en Allemagne, lorsqu'il a qualifié l'OTAN de "mort cérébrale" en 2019, il a depuis déclaré que l'invasion russe de l'Ukraine l'avait "secouée pour la ramener à la vie".

Il chercherait néanmoins à rendre les Européens moins dépendants de l'armée américaine pour leur sécurité.

Macron a poussé l'UE à se concentrer davantage sur l'Indo-Pacifique et l'influence croissante de la Chine dans la région. Cependant, il s'est heurté à Washington, Londres et Canberra après que l'Australie a renoncé à un accord massif de sous-marins avec la France.

Il s'est montré prudent quant à savoir s'il chercherait à coopérer avec la nouvelle alliance de sécurité entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie - surnommée AUKUS - contre la Chine ou s'il tenterait de persuader l'UE de mener sa propre politique indépendante vis-à-vis de Pékin.

(1 $ = 0,9195 euros)