Les manifestations de jeunes contre le projet du gouvernement kenyan d'augmenter les recettes fiscales par le biais de taxes supplémentaires devraient s'intensifier mardi, lorsque les législateurs voteront sur les amendements proposés au projet de loi.

Au moins une personne a été tuée et plus de 200 autres blessées depuis que les manifestations contre le projet de loi de finances ont envahi le pays au début du mois.

Voici quelques détails sur les propositions fiscales :

POURQUOI LE PROJET DE LOI DE FINANCES ?

Un projet de loi de finances est généralement présenté au parlement avant le début d'un exercice financier qui s'étend de juillet à juin, et expose les projets fiscaux du gouvernement.

Dans le projet de loi 2024/25, le gouvernement kényan vise à lever 2,7 milliards de dollars d'impôts supplémentaires pour réduire le déficit budgétaire et les emprunts de l'État. La dette publique du Kenya s'élève à 68 % du PIB, soit plus que les 55 % du PIB recommandés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Confronté à de graves problèmes de liquidités et à l'incertitude quant à sa capacité à accéder aux capitaux des marchés financiers, le Kenya s'est tourné vers le FMI, qui a exhorté le gouvernement à atteindre ses objectifs en matière de recettes afin d'obtenir davantage de financements.

Les manifestants veulent que le gouvernement renonce aux hausses d'impôts prévues, qui, selon eux, étoufferont l'économie et augmenteront le coût de la vie pour les Kényans qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts.

Ce n'est pas la première fois qu'un projet de loi de finances se heurte à la résistance de certains citoyens.

L'année dernière, le gouvernement du président William Ruto, qui a été élu en 2022 en promettant d'améliorer la vie des pauvres, a utilisé le projet de loi pour introduire une taxe d'habitation et augmenter le taux maximal de l'impôt sur le revenu des personnes physiques, ce qui a suscité la colère, des manifestations de rue et des recours devant les tribunaux.

QUELLES SONT LES MESURES FISCALES PROPOSÉES ?

Les mesures proposées qui ont déclenché des protestations comprennent de nouvelles taxes sur les produits de base comme le pain, l'huile végétale et le sucre, ainsi qu'une nouvelle taxe sur la circulation des véhicules à moteur, fixée à 2,5 % de la valeur d'une voiture et payable annuellement.

Une "éco-redevance" sur la plupart des produits manufacturés, y compris les serviettes hygiéniques et les couches, est également prévue. Outre les nouvelles taxes, le projet de loi propose d'augmenter les taxes existantes sur les transactions financières.

Le gouvernement a déclaré que les mesures fiscales étaient nécessaires pour financer les programmes de développement et réduire la dette publique.

La semaine dernière, le gouvernement a légèrement assoupli sa position, M. Ruto approuvant les recommandations visant à supprimer certaines des nouvelles taxes, notamment sur la possession d'une voiture, le pain et l'écotaxe sur les produits fabriqués localement.

Le ministère des finances a déclaré que de telles concessions creuseraient un trou de 200 milliards de shillings kenyans (1,56 milliard de dollars) dans le budget 2024/25 et nécessiteraient des réductions de dépenses.

Les manifestants et les partis d'opposition ont déclaré que les concessions n'étaient pas suffisantes et qu'ils voulaient que l'ensemble du projet de loi soit abandonné.

QUELLE EST LA SUITE DU PROJET DE LOI ?

Le Parlement se réunira mardi pour voter les amendements proposés au projet de loi. Les députés ne discuteront pas des parties du projet de loi qui ne font pas l'objet d'amendements.

Une fois le projet de loi adopté par le Parlement, le président Ruto devra le signer dans un délai de 14 jours ou le renvoyer au Parlement pour qu'il y apporte de nouveaux amendements.

QU'EN EST-IL DES MANIFESTATIONS ?

Le président Ruto a reconnu les protestations des jeunes et s'est engagé à organiser un dialogue pour répondre à leurs préoccupations. On ne sait pas encore quand ce dialogue aura lieu.

On ne sait pas non plus si les manifestations s'intensifieront si le parlement adopte le projet de loi. Les manifestations organisées sur les réseaux sociaux ne disposent pas de structures de direction claires, mais de nombreux jeunes se sont engagés à continuer à manifester.

Certains manifestants ont cité l'arrestation d'au moins deux militants depuis l'offre de dialogue faite par M. Ruto dimanche, comme preuve que le gouvernement n'est pas de bonne volonté.

Le gouvernement a déclaré que le retrait de certaines propositions fiscales montrait sa volonté de compromis.

(1 $ = 128,0000 shillings kenyans)