par Jonathan Landay, Ghaida Ghantous et Mahmoud Mourad

WASHINGTON, 29 mars (Reuters) - Une enquête menée par des experts des Nations Unies prouve la responsabilité des rebelles Houthis dans l'attaque du 30 décembre contre l'aéroport d'Aden qui a fait 22 victimes au moment de l'arrivée des membres du gouvernement, ont déclaré lundi deux diplomates proches du dossier.

L'équipe d'experts a remis son rapport au comité des Nations Unies qui supervise les sanctions liées au Yémen lors de consultations à huis clos vendredi, mais la Russie a bloqué une diffusion plus large, ont indiqué les diplomates. Ils ont requis l'anonymat en raison du caractère sensible de l'affaire.

Les Houthis, alliés de l'Iran, ont nié être responsables de l'attaque lorsqu'elle a eu lieu.

Les diplomates n'ont pas précisé pourquoi la Russie a bloqué la publication des conclusions. La mission russe auprès des Nations unies n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

Ce rapport intervient à un moment délicat pour le nouveau président américain Joe Biden, alors que son administration et les Nations unies font pression sur les Houthis pour qu'ils acceptent une initiative de paix incluant un cessez-le-feu.

L'Arabie saoudite et le gouvernement yéménite ont approuvé cette initiative, mais les Houthis estiment qu'elle ne va pas assez loin.

Le mouvement Houthi, qui contrôle la majeure partie du nord du Yémen, combat les forces loyales au gouvernement internationalement reconnu du président Abd Rabbo Mansour Hadi et une coalition dirigée par l'Arabie saoudite dans ce qui est largement considéré comme une guerre par procuration entre Téhéran et Riyad.

Le groupe d'experts de l'ONU a déterminé que les Houthis ont lancé des missiles sur l'aéroport d'Aden à partir de deux endroits qui étaient sous le contrôle du mouvement à ce moment-là, l'aéroport de Taiz et un poste de police à Dhamar, ont indiqué les diplomates.

Les experts ont constaté que les missiles étaient du même type que ceux utilisés précédemment par les Houthis, ont-ils ajouté.

Les missiles ont atterri alors que des membres du gouvernement d'Abd Rabbo Mansour Hadi arrivaient à l'aéroport pour rejoindre les séparatistes qui contrôlent la ville portuaire du sud dans un nouveau cabinet, dans le cadre d'un effort saoudien pour mettre fin aux querelles entre ses alliés yéménites.

Au moins 22 personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été blessées dans l'attaque.

Aucun ministre n'a été tué, mais parmi les morts figurent des fonctionnaires du gouvernement et trois membres du personnel du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Lors du briefing de vendredi, les diplomates ont déclaré que les experts ont affirmé que les tirs de missiles depuis les deux sites contrôlés par les Houthis étaient coordonnés.

A la question de savoir si une autre partie pouvait être responsable, ils ont répondu que toutes les preuves indiquaient qu'aucune autre faction yéménite n'avait la capacité ou la technologie pour organiser une telle attaque, ont indiqué les diplomates.

La guerre au Yémen a fait des milliers de victimes et créé la pire catastrophe humanitaire au monde - exacerbée par la pandémie de COVID-19 - les Nations unies estimant que 80% de la population a besoin d'aide. (version française Camille Raynaud)