NAIROBI, 20 août (Reuters) - Pour la première fois en neuf mois de guerre dans la région éthiopienne du Tigré, les travailleurs humanitaires vont manquer de nourriture à distribuer cette semaine aux millions de personnes qui souffrent de la faim dans la région, a déclaré jeudi la responsable de l'aide américaine.

"L'Usaid et ses partenaires, ainsi que d'autres organisations humanitaires, ont épuisé leurs stocks de denrées alimentaires entreposés dans le Tigré", a déclaré Samantha Power, qui dirige l'Agence américaine pour le développement international (Usaid), dans un communiqué publié jeudi soir.

La guerre a éclaté en novembre entre les troupes éthiopiennes et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui contrôle la région. Le conflit, marqué par des allégations de crimes de guerre, a fait des milliers de morts et déclenché une crise humanitaire dans l'une des régions les plus pauvres du monde.

Les Nations unies ont averti le mois dernier que plus de 100.000 enfants du Tigré pourraient mourir de malnutrition.

Billene Seyoum, le porte-parole du Premier ministre, a déclaré lors d'une conférence de presse la semaine dernière que 277 camions d'aide sont entrés dans le Tigré, sans préciser la période.

Selon Samantha Power, 100 camions par jour, transportant de la nourriture et des produits de première nécessité, sont nécessaires pour répondre aux "vastes" besoins humanitaires. Il y a quelques jours, seuls 320 camions étaient arrivés, soit moins de 7% des besoins, a-t-elle dit dans un communiqué.

"Les habitants du Tigré sont affamés. Près de 900.000 d'entre eux souffrent de la famine et plus de cinq millions ont désespérément besoin d'une aide humanitaire", indique Samantha Power.

Les porte-paroles du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et du groupe de travail d'urgence du gouvernement sur le Tigré n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.

Le gouvernement éthiopien a déclaré avoir accepté un cessez-le-feu unilatéral en juin après que les forces tigréennes ont repris la capitale régionale, Mekele, et la majeure partie de la région. Les rebelles du TPLF ont qualifié cette déclaration de "mensonges", assurant que les troupes érythréennes ne s'étaient pas retirées du Tigré.

Jeudi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à un accès sans restriction de l'aide au Tigré. (Reportage Maggie Fick, avec la contribution de Ayenat Mersie; version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)