Lausanne (awp/ats) - L'ancienne directrice de la société lucernoise Fera comparaîtra ce mercredi avec son mari devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Elle est accusée d'avoir obtenu des crédits auprès des banques en produisant des documents fictifs. Le dommage dépasserait les 400 millions de francs suisses.

L'accusée âgée aujourd'hui de 71 ans répond de faux dans les titres, d'escroquerie par métier, de gestion déloyale, d'abus de confiance et de blanchiment. Selon le Ministère public de la Confédération (MPC), elle aurait falsifié entre 2006 et 2010 de nombreux documents alors qu'elle dirigeait l'entreprise Fera AG, active dans le commerce de machines.

"Edifice de mensonges"

Ces faux auraient permis d'attester des affaires fictives auprès des banques et d'obtenir des crédits s'élevant à plusieurs centaines de millions de francs suisses. L'acte d'accusation parle d'un "édifice de mensonges" afin de convaincre les milieux financiers de la réalité des transactions. Dans les faits, le nombre de machines était réduit et les affaires conclues l'étaient encore davantage.

L'accusée et son mari auraient aussi détourné des fonds. Le MPC relève que les époux ont dépensé 1 million de francs suisses entre 2002 et 2009 dans une seule boutique de Francfort. Durant la même période, 9,4 millions de francs suisses en liquide ont été retirés de la société. Le mari répond de complicité d'escroquerie.

Banques lésées

Parmi les établissements financiers, la principale lésée est l'ancienne Skandifinanz Bank (Skandifinanz aujourd'hui) qui réclame 134 millions d'euros aux accusés, sous déduction de quelque 10 millions de francs suisses déjà récupérés devant le Tribunal d'arrondissement de Zurich. Les créances de trois autres banques s'élèvent à plus de 22 millions de francs suisses.

Mais les masses en faillite de Fera AG et de sa société-mère Blue Steel Holding (BSH) ont aussi produit des prétentions civiles de 206 et 123 millions de francs suisses, respectivement. BSH était contrôlée par le mari de la directrice de Fera.

Outre les deux accusés principaux, l'ancien directeur adjoint d'une banque comparaît aussi pour une transaction datant de 2009. Une partie des faux dans les titres ne seront pas poursuivis en raison du délai de prescription de 15 ans. Le MPC ne les a donc pas inscrit dans son acte d'accusation. D'autres pourraient aussi être prescrits jusqu'à ce que ce jugement de première instance soit prononcé.

Le Parquet fédéral n'a pas encore annoncé ses réquisitions de peine. Il le fera lors de l'audience. (affaire SK.2020.57)

ats/rp