par Djafar Al Katanty et Hereward Holland

GOMA, 22 mai (Reuters) - La lave provenant du mont Nyiragongo, entré en éruption vendredi, a atteint samedi l'aéroport de Goma, la principale ville de l'est de la République démocratique du Congo, alors que des milliers de personnes ont évacué la ville.

Alors que la lueur rouge du volcan, l'un des plus actifs au monde, teintait le ciel nocturne au-dessus de cette ville lacustre d'environ 2 millions d'habitants, les habitants de Goma, se souvenant de la dernière éruption du mont Nyiragongo en 2002, qui avait tué 250 personnes et laissé 120.000 sans-abris, ont quitté précipitamment la ville, certains fuyant vers l’est, pour gagner la frontière rwandaise, tandis que d’autres se sont dirigés vers l'ouest.

Dario Tedesco, un vulcanologue présent à Goma, a déclaré que de nouvelles fractures s'ouvraient dans le mont Nyiragongo, permettant à la lave de s'écouler vers le sud en direction de Goma après s'être initialement écoulée vers l'est en direction du Rwanda.

"Maintenant, Goma est la cible", a-t-il déclaré à Reuters. "La situation est similaire à celle de 2002. Je pense que la lave se dirige vers le centre de la ville."

"Ça peut s'arrêter avant ou continuer. C'est difficile à prévoir", a-t-il ajouté.

Une source des Nations Unies a déclaré que tous les avions de l'ONU avaient été évacués vers la ville de Bukavu, au sud, et vers Entebbe, en Ouganda voisin.

L'électricité a également été coupée dans une grande partie de Goma et les lignes téléphoniques étaient saturées.

À Kinshasa, la capitale, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a convoqué une réunion d'urgence, au cours de laquelle le gouvernement a activé un plan d'évacuation pour Goma.

"Nous espérons que les mesures qui ont été prises ce soir permettront à la population de rejoindre les points qui lui ont été indiqués dans ce plan (d'évacuation)", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, à la télévision nationale.

Les observateurs du volcan s'inquiètent du fait que l'activité volcanique observée au cours des cinq dernières années au Nyiragongo reflète celle des années précédant les éruptions de 1977 et 2002.

Les volcanologues de l'Observatoire volcanologique de Goma, qui surveille le Nyiragongo, ont du mal à effectuer des contrôles de base régulièrement depuis que la Banque mondiale a réduit son financement suite à des allégations de détournement de fonds.

Dans un bulletin publié le 10 mai, l'observatoire a indiqué que l'activité sismique du Nyiragongo avait augmenté au début du mois. (avec Olivia Acland, Fiston Mahamba et Aaron Ross; version française Camille Raynaud)