par Djafar Al Katanty et Olivia Acland

GOMA, RDC, 22 mai (Reuters) - Une coulée de lave provenant de l'éruption du mont Nyiragongo aux portes de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a recouvert plusieurs centaines de maisons avant de s'arrêter dimanche matin à quelques centaines de mètres des limites de la ville.

L'entrée en activité du Nyiragongo samedi soir a provoqué des scènes de panique dans la principale ville de l'est de la RDC, qui compte 2 millions d'habitants, et incité plusieurs milliers de personnes - 3.000 à 5.000 selon la Croix-Rouge - à fuir vers la frontière avec le Rwanda.

Quinze personnes ont été tuées - neuf dans un accident de la route lors de la fuite de nombreux habitants, quatre qui tentaient de s'évader d'une prison à Goma et deux qui ont été succombé à des brûlures, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

Le bilan pourrait s'alourdir considérablement, selon les constatations sur les lieux d'un journaliste de Reuters et les témoignages d'habitants de la zone.

Dimanche, le lever du jour a dévoilé un paysage noirci et fumant sur les collines au nord de Goma. Par endroits, le flot de lave, large d'environ 800 mètres, a atteint une hauteur de trois étages, avalant de vastes bâtiments.

Les autorités locales ont annoncé la mort de cinq personnes dans des accidents de la route mais aucun bilan lié directement à l'éruption n'a été communiqué pour l'instant.

Des habitants ont dit avoir perdu des membres de leur famille. Une femme, Ernestine Kabul, âgée de 68 ans, a raconté qu'elle n'avait pas pu sauver son mari malade, carbonisé dans sa maison envahie par la lave.

"Les autorités locales qui ont suivi l’évolution de l'éruption toute la nuit renseignent que la coulée de lave a perdu en intensité", a déclaré dans la matinée le porte-parole du gouvernement. "L’évaluation de la situation humanitaire est en cours", a-t-il ajouté sur son compte Twitter.

Les autorités ont averti par la suite que le danger persistait et que l'activité sismique dans la zone pourrait provoquer de nouvelles éruptions.

L'aéroport de la ville, qui sert de base à de nombreuses ONG, a été épargné.

La dernière éruption du mont Nyiragongo, dont la lave est très fluide, remontait à 2002. Elle avait fait 250 morts et 120.000 sans-abri à Goma.

Les vulcanologues observaient avec inquiétude depuis cinq ans la même activité du volcan que lors des périodes ayant précédé ses éruptions de 1977 et 2002. (avec Edward McAllister; version française Jean-Stéphane Brosse et Patrick Vignal)