LE CAIRE, 25 mars (Reuters) - Le procureur général d'Egypte a ordonné lundi l'arrestation de cinq militants politiques en vue accusés d'incitation à la violence après des incidents survenus aux abords du siège du mouvement des Frères musulmans.

Des heurts ont opposé vendredi dernier des milliers de partisans et d'adversaires des Frères musulmans près du siège de la confrérie au Caire. Au moins 130 personnes ont été hospitalisées.

Parmi les cinq militants visés figure le blogueur Alaa Abd el Fattah, qui a joué un rôle actif dans les manifestations ayant débouché sur la chute du président Hosni Moubarak début 2011.

Dans un communiqué, Fattah, qui a fait de la prison sous Moubarak puis lors de la transition conduite par les militaires du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dénonce la "corruption de l'enquête et les préjugés du procureur général en faveur des Frères musulmans".

Il a cependant annoncé qu'il se rendrait mardi au siège du procureur général.

Les cinq hommes, également interdits de sortie du territoire, sont accusés d'incitation à l'"agression contre la population, de destruction de biens et de troubles à l'ordre public", dit le parquet dans un communiqué.

Dimanche, à la suite de ces violences, le président Mohamed Morsi avait annoncé que des "mesures nécessaires" seraient prises pour protéger la nation.

Mais l'opposition affirme que ces mandats d'arrêt illustrent le cours pris par les choses en Egypte. "Nous nous sentons menacés. Nous avons le sentiment d'un revirement complet de la démocratie et nous nous attendons au pire", a commenté Khaled Dawoud, porte-parole du Front de salut national, l'alliance formée par des partis non islamistes.

Sur sa page Facebook, le Mouvement du 6-Avril, qui fut également en pointe lors des journées révolutionnaires de janvier-février 2011, interpelle le procureur général: "Pourquoi n'y a-t-il de mandats d'arrêts que lorsqu'il y a des affrontements au siège des Frères ?" (Tom Perry et Ahmed Tolba; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser)